CPA 10 : le major Pascal tire sa révérence

CPA 10 : le major Pascal tire sa révérence

22/07/2022

La rédaction vous propose le portrait du major Pascal, un commando parachutiste de l’air hors pair partant à la retraite après plus de 40 ans de service.

Le major Pascal est un Aviateur commando parachutiste à la carrière hors norme, véhiculant les valeurs d’abnégation et d’excellence de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE). Pilier et pionnier du commando parachutiste de l’air (CPA) n°10, il posera sa casquette en août 2022 après 41 ans et 2 mois de service. Retour sur le parcours de cette figure emblématique qui a marqué l’histoire des forces spéciales air (FSA).

Plus connu sous le pseudonyme de « Broquis », le major Pascal s’est engagé dans l’institution le 16 juin 1981 en qualité de militaire du rang, âgé alors tout juste de 17 ans et demi. Il comptabilise aujourd’hui 41 ans et 2 mois de service, dont 29 ans au sein du CPA 10. Avec plus de 50 départs à son compteur, 3 260 heures de vol (dont 205 en zone hostile) et plus de 3 000 sauts en parachute, le major Pascal est officier de la Légion d’honneur depuis 2019, officier de l’ordre national du Mérite et cité à sept reprises avec attribution de la croix de la Valeur militaire.

 

Un pionnier des forces spéciales air

Après des débuts à Nîmes pour se former en tant que fusilier commando, le major Pascal obtient son brevet de parachutisme le 4 décembre 1981. Il réalise son premier détachement à Djibouti, alors qu’il est encore en formation. « Je suis arrivé à Djibouti au moment du crash du Noratlas 2501, le 3 février 1982, où il y a eu près d’une quarantaine de morts. C’était ma première rencontre avec la mort. C’est assez marquant et cela forge le caractère », explique le major. La même année, il est muté à Cambrai. En 1985, il passe la certification élémentaire de transition à Nîmes, pour entrer ensuite dans le corps des sous-officiers au grade de sergent en 1987. Cette évolution lui permet de réaliser différents stages, dont ceux d’instructeur commando et de chuteur à très grande hauteur.

En 1991, le major Pascal retourne à Nîmes au centre d’instruction des fusiliers commandos (CIFC), en tant qu’instructeur. Un an plus tard, en 1992, il part au Tchad. À son retour en métropole, le major Pascal est affecté à l’escadron de protection et d’intervention au sein du commando appelé CPA 10. « C’est l’année durant laquelle nous commençons cette belle aventure humaine avec la création du commandement des opérations spéciales », précise-t-il. Il participe à la création des forces spéciales et à la mise en œuvre du brevet de chuteur spécialisé. En juin 1993, il effectue sa première opération spéciale en Bosnie, et y retourne régulièrement jusqu’en 1999. En 2002, il réalise des expérimentations de sauts sous oxygène pour l’infiltration sous voile et de sauts à très grande hauteur. Novateur, il crée également la mission RESAL (recherche et sauvetage aérolargué). Pendant plusieurs années, les missions sur les théâtres d’opérations s’enchaînent pour lui : Côte d’Ivoire, Gabon, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Pologne, Afghanistan, Iraq, Mali, etc.

Discours du major Pascal avant son départ, après 41 ans et 2 mois de service.
Discours du major Pascal avant son départ, après 41 ans et 2 mois de service.

Créateur des stages Belouga et Attila

Début 2005, le major travaille sur la mise en place d’un stage permettant d’intégrer le CPA 10. Opérateur toujours en quête d’innovation, il participe ainsi à la création du premier stage Belouga, composé de 25 stagiaires. Il déclare à ce sujet : « Les méthodes de travail évoluent. Il fallait que la troisième dimension soit prise en compte. Ce stage permet aussi de voir si les opérateurs parviennent à travailler sous pression et sous manque de sommeil, de travailler leur rusticité. »

En avril 2006, le CPA 10 vit un événement douloureux. « Le caporal-chef Kévin Basquin décède en service aérien commandé à l’entraînement. C’est l’un des événements qui m’a le plus marqué durant ma carrière. La perte d’un équipier dans le cadre d’un entraînement est très difficile à accepter quelle qu’en soit la cause, raconte le major. Cela nous a tous laissé des séquelles psychologiques. » Quatre mois plus tard, alors qu’il est à Djibouti, un autre de ses camarades tombe au combat. Le caporal-chef Sébastien Planelles perd la vie lors d’une embuscade en Afghanistan.

Au fil des années, le major a poursuivi les opérations extérieures et l’encadrement des stages Belouga. En septembre 2008, il est affecté à l’escadron de formation des fusiliers commandos de l’air, à Dijon. Il entreprend la création du stage Attila, formation intervenant avant le stage Belouga. À l’été 2010, le major Pascal est de retour à Orléans au CPA 10, et repart en mission. C’est le début des opérations Serval puis Barkhane.

Le major Pascal avec des membres du CPA 10, après 29 ans de service au sein du CPA 10.
Le major Pascal avec des membres du CPA 10, après 29 ans de service au sein du CPA 10.

Un aviateur tourné vers le facteur humain

En 2015, dix jours après un retour de mission, sa santé est mise à l’épreuve. Cumulant des années de stress causées par ses missions opérationnelles, il fait un infarctus. « Ce qui m’est arrivé m’a finalement permis de me pencher sur le facteur humain à 200%. C’était un mal pour un bien. Depuis cet accident, je suis toujours suivi médicalement », indique le major Pascal. Qualifié cette année-là en tant que moniteur des techniques d’optimisation du potentiel, il effectue aussi d’autres formations telles que la sophrologie et l’hypnose.

Deux ans plus tard, il met en place un partenariat avec une classe de défense et de sécurité globale nommée « Rando mémoire Thomas Denzel », en lien avec le lycée Saint-Paul Bourdon Blanc d’Orléans. En septembre 2021, il effectue le raid cycliste Nîmes-Orléans en seulement six jours. Ce challenge rassemble une trentaine de vétérans des commandos de l’air, dont des blessés de guerre des trois armées, regroupés au sein de l’association Raid Sicut. En parallèle de tous ses projets, le major Pascal développe progressivement son entreprise, enseignant des cours d’éthique et de gestion de crise à l’université de Montpellier.

Quelques semaines avant son départ à la retraite, le 7 juillet 2022, le major Pascal obtient une récompense remarquable. À l’occasion de la cérémonie de fin de stage Belouga, la promotion 2022-01 a été baptisée en son nom. Un bel hommage et un symbole fort pour le sous-officier qui a consacré toute sa vie au service de la France. En août 2022, le major Pascal deviendra réserviste et continuera de mettre ses compétences au profit de l’escadre force commando air. Il poursuivra ainsi la création de la cellule « environnement humain », domaine qui lui tient à cœur. Enfin, le major Pascal continuera de participer à de l’instruction au profit des stages Attila et Belouga.