Le sergent-chef Clément pose face caméra assis dans le ravitailleur

« EART 2022-2 » : Retour d’expérience d’un opérateur de ravitaillement en vol

03/11/2022

Le sergent-chef Clément livre son expérience sur l’exercice European air to air Refueling Training (« EART ») 2022-2, en tant qu’Air Refueling Operator (ARO).

Le sergent-chef Clément est ARO (Air Refueling Operator), spécialité plus communément connue sous le nom d’opérateur de ravitaillement en vol, ou dans le jargon militaire de « boomer ». Arpète depuis 2012, il s’est spécialisé comme mécanicien vecteur Rafale sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Six années plus tard, le sergent-chef Clément a réussi le concours de mécanicien navigant et a choisi la base aérienne 125 d’Istres pour travailler à bord de l’A330 MRTT Phénix, arrivé depuis peu dans la flotte de l’armée de l’Air et de l’Espace à cette époque.

De quelle façon l’A330 MRTT Phénix ravitaille-t-il les aéronefs ?

« L’A330 MRTT Phénix peut ravitailler les avions de deux manières : via les pods, des tuyaux souples avec un panier en bout au niveau des ailes, ou via le boom, une perche rigide située à l’arrière de l’avion. Avec les pods, le MRTT peut ravitailler les Rafale et Mirage 2000 français. Le boom sera plutôt adapté à l’E-3F Awacs en France, mais aussi aux F-16 belges, polonais ou portugais lors d’exercices européens. Sur l’exercice “EART-2022-2”, nous avons ravitaillé via les pods des F-18 et des Eurofighter Typhoon espagnols. En tant que ARO, mon rôle au sein de l’équipage est de gérer les ravitaillements. »  

De quel emplacement opérez-vous ?

« Je suis à poste dans le cockpit, derrière les pilotes. J’ai plusieurs écrans qui me permettent de suivre cette cinématique en direct : trois écrans me montrent un panoramique de l’arrière de l’avion et deux “inspections cameras” me donnent un visuel sur les nacelles de ravitaillement. Lorsque j’utilise le boom, je dispose d’une vision 3D. Grâce à cela, j’ai une situation awareness (vue globale) et je peux anticiper les éventuels dangers. »

Quelle est la procédure à suivre en cas de danger ?

« En cas de rapprochement non prévu et/ou dangereux, nous avons une procédure appelée “breakaway”. J’annonce à la radio “Valiant, breakaway, breakaway, breakaway” ce qui permet une accélération franche du tanker et une réduction de la vitesse des chasseurs. Nous avons d’ailleurs simulé cela avec succès en début d’exercice et c’est assez impressionnant. »

Vue sur la perche de ravitaillement dans les airs

Dans les airs, comment se déroule un ravitaillement ?

« C’est une séquence qui se reproduit à chaque mission. Prenons l’exemple de l’“EART 2022-2” : il faut imaginer que le tanker français (indicatif « Valiant » sur l’exercice) est une bulle. Le F-18 espagnol est sous contrôle au sol et va demander à rejoindre le tanker. Lorsqu’il a l’autorisation du contrôleur au sol (indicatif « Papayo » sur l’exercice), le F-18 prend contact avec le commandant de bord du MRTT, le commandant Sébastien. Ce dernier va l’autoriser à entrer dans la “bulle” par l’aile gauche. À ce moment, je prends le relais sur la radio : j’ai la responsabilité d’autoriser tout mouvement autour du tanker et de clear (autoriser) l’aéronef à aller derrière le pod. Lorsque le ravitaillement est terminé, l’avion se “disconnect” (déconnecte) puis s’éloigne par l’aile droite. Le commandant Sébastien et “Papayo” l’autorisent ensuite à quitter la bulle du tanker pour vaquer à ses missions. »

Comment gérez-vous les transmissions radio ?

« En phase de ravitaillement, l’écoute et la concentration doivent être irréprochables. Nous avons deux radios distinctes et il faut savoir laquelle on écoute et sur laquelle on agit. Il faut donc une oreille sur la boom frequency (transmissions avec les chasseurs) et sur la radio du contrôleur au sol pour savoir quel aéronef va nous rejoindre et/ou a été autorisé au contact. Pour cela, nous nous répartissons les tâches au sein de l’équipage. Sur l’exercice “EART 2022-2”, je m’occupais uniquement de la boom frequency. Le copilote, le capitaine Gauthier, était aussi sur la boom frequency pour autoriser l’accès dans la bulle du tanker et le commandant Sébastien, commandant de bord, était en relation avec le contrôleur au sol “Papayo”. »

Durant l’exercice « EART 2022-2 », l’A330 MRTT aura volé durant 26 heures. Le sergent-chef Clément fait le bilan de 72 contacts avec les avions de chasse espagnols.

Vue sur le Rafale couplé à la perche de ravitaillement qui le ravitaille