13/09/2022
D’abord appelé ASSIO, ANSIO, puis CSIO et Groupement aérien de l’informatique opérationnelle (GAIO), l’escadron dénommé « ESIOC » depuis 2018 est situé sur la base aérienne (BA) 118 « Colonel Rozanoff » à Mont-de-Marsan, et relève de l’officier général du numérique (OGNUM) de l’armée de l’Air et de l’Espace. L’ESIOC compte aujourd’hui près de 175 membres, militaires et civils, du niveau de technicien supérieur à celui d’ingénieur en informatique ou télécommunications. Unité unique de l’AAE, l’escadron est spécialisé dans les actions qui ont lieu dans l’espace cybernétique, champ indispensable aux opérations aériennes. Dans sa mission de cyberdéfense, l’Escadron des systèmes d’information opérationnels et de cyberdéfense est piloté par l’officier de lutte cyber-électronique Air (OLC-E), ainsi que par le Centre d’opérations cyber-électroniques Air (COCEA). L’ESIOC est ainsi l’organe tactique cyber de l’AAE.
L’escadron s’inscrit de ce fait dans les enjeux de cyberdéfense, qui sont ceux de la France, et plus précisément de l’AAE avec des opérations aériennes par essence connectées. « Le haut niveau technologique des armées françaises leur permet d’être adaptées à toutes les formes de conflictualité géostratégique, et dans toutes les postures : de la compétition à l’affrontement, en passant par la contestation. Il n’est plus possible aujourd’hui d’envisager l’emploi des armées sans un maillage numérique profond entre toutes les fonctions et les composantes militaires », indique le lieutenant-colonel Julien, commandant l’ESIOC. Il ajoute : « Le cyberespace est devenu un domaine central de l’approche globale multi-milieux / multi-champs (M2MC). Facteur clé de l’intégration des systèmes d’armes et de communication, le cyberespace est contesté et doit être défendu en permanence. L’intensification des actions adverses, notamment dans le champ informationnel, est réel et nous demande de nous adapter, afin de caractériser techniquement les menaces, en fonction du contexte de chaque opération menée par l’AAE ».
Le lieutenant-colonel Julien ajoute en ce sens : « L’ESIOC offre à l’AAE et au MINARM une capacité d’ingénierie et d’innovation, qui se concrétise sous la forme de systèmes opérationnels et de moyens d’action dans le cyberespace. L’ESIOC dispose de compétences de pointe permettant d’anticiper la menace, de détecter les intrusions sur les systèmes “métiers Air” et d’intervenir, sur place ou à distance, pour résoudre les incidents en métropole et en opérations extérieures. Ce principe de protection des systèmes impose une qualification de haut niveau des spécialistes cyber et des méthodes d’investigation numérique avancées, incluant la mise à l’épreuve préventive des systèmes essentiels, pour en mesurer la robustesse réelle. Par ailleurs, les systèmes opérationnels réalisés à l’ESIOC sont sécurisés dès leur conception ». Le savoir-faire de l’ESIOC s’inscrit alors dans les capacités plurielles et essentielles qui sont celles de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Les missions de l’ESIOC
L’Escadron des systèmes d’information opérationnels et de cyberdéfense est chargé de 4 missions :
- Produire des systèmes d’information opérationnels, embarqués sur avion ou déployés au sol, grâce à sa capacité d’ingénierie logicielle.
- Appuyer la manoeuvre aérienne en métropole et en opérations extérieures, en assurant le soutien des systèmes d’information utilisés par les forces.
- Défendre les systèmes d’information de l’armée de l’Air et de l’Espace contre la menace cyber, quels que soient le réseau de support, la confidentialité et l’architecture technique.
- Valoriser les données « métier Air », en concevant et en mettant en oeuvre le Centre du numérique et de la donnée de l’AAE (CNDAAE).
Au sujet de ces missions et de l’organisation de l’ESIOC, le lieutenant-colonel Julien souligne que « L’ESIOC 62.430 forme un tout cohérent qui œuvre dans le cyberespace, au service des opérations aériennes. Son organisation est directement déclinée de ses missions, auxquelles s’ajoutent des fonctions transverses et de support qui lui confèrent une forte autonomie d’action ».
L’ESIOC et l’innovation dans l’armée de l’Air et de l’Espace
Maillon essentiel de la dimension cyber au sein de l’AAE, l’Escadron des systèmes d’information opérationnels et de cyberdéfense est soumis à un niveau d’exigence particulièrement élevé. Répondant à des contraintes aéronautiques de sûreté de fonctionnement et à des impératifs technologiques importants, l’ESIOC contribue par exemple à la rénovation des systèmes de mission du Mirage 2000D. L’escadron innove également sans cesse pour concevoir, en autonomie, des solutions de détection déployées en exercice ou en opération, spécifiques aux systèmes Air concernés. Témoin de cette capacité d’innovation hors normes, le Centre du numérique et de la donnée de l’AAE (CNDAAE) a été créé sur la BA 118. Il s’impose comme un laboratoire de valorisation des données Air, au moyen des technologies de traitement de données massives (Big data) et d’intelligence artificielle (IA), renforçant l’ESIOC dans ses missions. Plongés dans un espace en constante mutation, les militaires de l’ESIOC innovent chaque jour, au service de l’armée de l’Air et de l’Espace.
La coopération avec les alliés et le monde civil
L’Escadron des systèmes d’information opérationnels et de cyberdéfense 62.430, travaille entre autres avec la Royal Air Force (armée de l’air britannique), en organisant par exemple le challenge interalliés « CyberCrunch ». Cet événement permet d’entraîner nos armées à la cyberdéfense militaire, avec des équipes mixtes constituées de militaires français et britanniques. L’ESIOC participe ensuite pleinement au lien armée-nation, avec différentes rencontres et projets organisés. Conjointement avec la BA 118, le Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) et l’université locale, l’escadron organise par exemple le challenge « Mars@Hack », qui permet à des étudiants volontaires de s’exercer au hacking, et de dynamiser le développement de la cybersécurité dans les entreprises de la région. L’ESIOC participe également au lien armée-jeunesse, en accueillant des élèves ou stagiaires en alternance, et en participant au rayonnement local de la BA 118.
Le lieutenant-colonel Julien déclare en ce sens : « De multiples partenariats et conventions offrent à l’ESIOC l’ouverture sur le monde extérieur, qui est nécessaire à l’amélioration continue des méthodes, à la veille technologique et au recrutement des spécialistes ». En ce sens, les militaires de l’ESIOC entretiennent leurs compétences avec passion, lors de compétitions diverses de hacking lors desquelles ils sont souvent récompensés. Des entraînements et exercices militaires tels que le « CYBERCOALITION » avec l’OTAN, les « CYBERFORT » et « CYBERFLAG » avec les États-Unis ou encore le « DEFNET » en France, permettent aussi aux membres de l’ESIOC de se confronter aux évolutions rapides qui touchent le cyberespace, et à entretenir l’excellence nécessaire à leurs métiers.
Le futur de l’ESIOC
Au sujet de ses aspirations pour l’ESIOC, le commandant de l’escadron 62.430 indique : « L’ESIOC va continuer à produire, appuyer et défendre les systèmes d’information de l’AAE, en s’adaptant aux nouvelles technologies, en recrutant un personnel motivé et en approfondissant ses interactions avec le monde industriel. La montée en puissance du Centre du numérique et de la donnée offrira une plateforme clé à l’AAE, et ouvrira la voie au futur Cloud de Combat et à l’intelligence artificielle embarquée. L’ESIOC luttera dans le cyberespace avec des moyens plus complets et puissants et étendra son périmètre d’action cyber. L’ESIOC restera un escadron ou l’ingénierie, l’innovation et l’expertise sont au service des opérations aériennes ».
Dans cette voie, le lieutenant-colonel Julien déclare : « L’ESIOC s’inscrit pleinement dans la gouvernance de la cyber-sécurité militaire établie par le commandant de la cyberdéfense (COMCYBER), et contribue à la définition des solutions techniques et des procédures organisationnelles de demain, en apportant son expertise du milieu aérien et spatial et ses relations privilégiées avec les industriels de l’aéronautique ». Témoin d’une armée de l’Air et de l’Espace au coeur des enjeux cyber, le précèdent commandant de la cyberdéfense (COMCYBER) — le général de division aérienne Didier Tisseyre —, était lui aussi un aviateur, marquant les liens indéfectibles qui relient l’AAE au cyberespace. Parfaitement investi dans les enjeux de l’AAE, le lieutenant-colonel Julien conclut en indiquant : « L’ESIOC est une illustration éclatante de l’ADN des aviateurs, et porte haut les valeurs d’agilité, d’audace et de passion qui les caractérisent ». L’armée de l’Air et de l’Espace s’inscrit de fait dans la maîtrise de nouveaux espaces de conflictualité, à la pointe de la technologie et dans un souci d’innovation et d’excellence, participant à la puissance et au rayonnement des armées françaises.
Pour en découvrir davantage sur l’ESIOC, ses missions et son recrutement, la rédaction vous propose le portrait du sergent Axel, disponible via ce lien.