Eugène Bullard : un pilote américain au service de la France

29/09/2022

À l’occasion de l’entrée d’Eugène Bullard au panthéon des pilotes américains, le SIRPA Air & Espace vous replonge dans l’histoire de cette figure de l’aéronautique militaire.

All blood runs red[1]. Le 24 septembre 2022, Eugène Bullard rejoindra le panthéon des pilotes américains au cours d’une cérémonie qui se tiendra au musée national de l’US Air Force à Dayton, dans l’Ohio.

Né en 1895 à Columbus en Géorgie, Eugène Bullard est notamment connu pour avoir servi en qualité de pilote dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale. Symbole de pugnacité face à la discrimination, il devient, à l’instar d’Ahmet Ali Çelikten, l’un des premiers pilotes de chasse noirs de l’histoire.

Eugène Bullard s'est illustré au profit de l'aviation française au cours de la Première Guerre mondiale.
Eugène Bullard s'est illustré au profit de l'aviation française au cours de la Première Guerre mondiale.

Fantassin puis pilote de guerre pour la France

En 1914, alors que le premier conflit mondial fait rage, Eugène Bullard, alors à Paris, rejoint les rangs de l’armée française en s’engageant dans la Légion étrangère. Ce dernier intègre le 1er régiment étranger avant d’évoluer au sein du 170e régiment d’infanterie. Il est grièvement blessé en 1916, au cours de la bataille de Verdun et se verra remettre la Croix de guerre, en 1917.

Dans l’incapacité de servir dans l’infanterie, Eugène Bullard est affecté à l’aéronautique militaire et intègre le Lafayette Flying Corps, unité française regroupant des pilotes de chasse américains. Nommé élève-pilote, il évolue sur Caudron G.3 et Caudron G.4, appareils biplans. Il est finalement affecté au 5e groupe de chasse, avant de rejoindre l’escadrille N 93 puis l’escadrille N 85. Au cours des combats, il parvient à abattre deux appareils ennemis. Bullard est notamment connu pour avoir volé avec sa mascotte, un singe surnommé Jimmy.

En raison de sa couleur de peau, l’Aviateur ne parvient pas à intégrer l’United States Army Air Service, lors de l’entrée en guerre des États-Unis, en 1917. Le médecin américain chargé d’organiser l’aviation militaire américaine le déclare inapte au service aérien. Par la suite affecté au 170e régiment d’infanterie, il aura pour mission de former les nouvelles recrues jusqu’à la fin de la guerre.

Durant l’entre-deux-guerres, Eugène Bullard devient notamment batteur de jazz dans des night-clubs parisiens. Ses aventures musicales nocturnes lui permettent de côtoyer des artistes de renom comme Louis Armstrong, Langston Hughes ou encore l’Aviatrice Joséphine Baker.

représentation d'Eugène Bullard en peinture. © Roche Gardies
Représentation d'Eugène Bullard en peinture. © Roche Gardies

Une figure de la Résistance

Germanophone, Eugène Bullard est sollicité en 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. L’ancien pilote de chasse offre ses services à la préfecture de police, au sein du service de contre-espionnage. Sa mission : surveiller les agents allemands déployés dans la capitale française.

En 1940, Bullard retrouve le chemin des champs de bataille. Ce dernier est alors incorporé au sein du 51e régiment d’infanterie, stationné à Orléans. Au cours des combats, il est touché à la colonne vertébrale. Evacué à New York pour panser ses plaies, Eugène Bullard se retrouve de nouveau confronté à la ségrégation raciale, qui sévit toujours en Amérique du Nord.

La cérémonie du 24 septembre 2022 au musée national de l’US Air Force vise à honorer les exploits d’Eugène Bullard en qualité de pilote de chasse.

 


[1] Tout sang coule rouge.