Fer de Lance 2023 : retour sur l’exercice majeur des forces aériennes en Guyane

Des défis de taille pour la base aérienne 

Sous l’autorité de l’état-major interarmées (EMIA) des forces armées en Guyane (FAG), commandées par le général de division aérienne Xavier Buisson, le scénario de cet exercice régional majeur des armées françaises en Amérique du Sud se concentrait sur une crise politique dans un pays fictif, nécessitant une intervention en zone équatoriale, la mise en sécurité de ressortissants français et de bénéficiaires par une opération d’évacuation de ressortissants (RESEVAC).

Au travers de ce scénario de gestion de crise, la base aérienne outre-Atlantique a dû démontrer sa capacité de projection dans la zone de responsabilité permanente (ZRP) des forces armées en Guyane en poursuivant deux enjeux majeurs : le déploiement d’un détachement air sous faible préavis et le commandement au niveau tactique des opérations aériennes depuis un poste de commandement de crise (PC crise).

 

Coopération régionale et bilatérale pour les équipages

Projeté sur l’aérodrome de Saint-Georges-de-l’Oyapock, commune frontalière avec le Brésil, le détachement air a permis de démontrer la capacité de projection des flottes engagées dans l’exercice.

Pour les besoins du scénario, un hélicoptère Puma, deux hélicoptères Fennec ainsi qu’un avion tactique de transport Casa de l’escadron de transport 68 « Antilles-Guyane » ont été déployés.

Afin de répondre à la cinématique fictive, les équipages Fennec ont mené des opérations coups de poing en synergie des composantes terrestres et maritimes. Tir air-mer avec les patrouilleurs français La Confiance et La Combattante, appui-feu et appui-renseignement au profit des troupes alliées au sol, protection défense (PRODEF) ou encore missions de casualty evacuation (CASEVAC, évacuation de blessés) sont venues renforcer la coopération interarmées au niveau tactique.

Au cours de l’exercice, l’hélicoptère Puma s’est notamment distingué en opérant, de concert avec le patrouilleur brésilien Iguatémi, une mission d'évacuation médicale (MEDEVAC).

L’appareil a effectué le treuillage en mer d’un blessé fictif suivi d’un bord à bord avec un avion Casa pour la prise en charge médicale du rescapé. Cette manœuvre délicate a contribué à renforcer et à valoriser l’interopérabilité entre le bâtiment étranger et l’aéronef.

Le Casa, quant à lui, a fourni un appui logistique conséquent, allant de simulations de largage de personnel à l’eau aux posés d’assaut, tout en participant à des missions de renseignement ou encore de sauvetage maritime (SAMAR).

Phase décisive de l’exercice, l’opération d’évacuation de ressortissants (RESEVAC) s’est déroulée sur la base aérienne (BA) 367.

Bénéficiant de l’appui aérien d’un Fennec de mesure aérienne de sûreté aérienne (MASA) et de troupes au sol, un Puma a réalisé avec brio une démonstration par aérocordage suivie d’une exfiltration d’un personnel blessé.

L’opération s’est poursuivie par l’arrivée des ressortissants français et européens, joués par des classes de défense de collèges guyanais, après avoir été évacués par avion Casa.

Unique point d’appui de l’armée de l’Air et de l’Espace en Amérique du Sud, la base aérienne a prouvé une nouvelle fois son savoir-faire et sa capacité locale à opérer dans les zones d’intervention prioritaires du parc amazonien de la Guyane. 

 

Le poste de commandement de crise, un rôle essentiel

Afin d’assurer le bon déroulement des opérations, le PC crise de la base aérienne a coordonné et supervisé la composante aérienne au niveau tactique. « Lors de l’exercice, le PC crise a prouvé toute son efficacité et sa réactivité. Cela a été l’occasion de travailler la coordination en interne, entre les unités de la base aérienne, mais aussi en externe avec l’ensemble des partenaires opérationnels et de soutien », salue le colonel Olivier Fleury, commandant la BA 367. Reprenant les missions habituellement réalisées par le bureau opération air de l’état-major interarmées (EMIA), le PC crise a pu s’exercer pour la première fois à la planification tactique des opérations aériennes, conférant à la base aérienne une avancée considérable vers le commandement tactique de ses futures opérations.

Renforcement du lien armée-nation

Un après-midi portes-ouvertes a été organisé sur le détachement air de Saint-Georges-de-l’Oyapock au profit d’autorités civiles, militaires et internationales. Les moyens aériens ainsi que les installations opérationnelles et de soutien ont été présentés à ces visiteurs, mais également à la population locale présente sur place.

Au travers des infrastructures de soutien, autorités et habitants locaux ont notamment pu constater la rusticité et l’adaptabilité dont ont fait preuve les Aviateurs pendant dix jours.

Inexploitée depuis 2012, la piste de l’aérodrome de Saint-Georges, réhabilitée pour les besoins de l’exercice, a ainsi indirectement participé au rayonnement local.

En plus d’avoir exercé une structure de commandement en interne, cet exercice a permis d’entrainer les capacités opérationnelles de projection des vecteurs aériens, indispensables pour opérer dans les zones d’intervention du territoire ultra-marin.

 

Dans la continuité de la première édition de 2022, Fer de Lance est un exercice régional majeur qui constitue la référence pour l’entrainement des Forces armées en Guyane (FAG) à une intervention en zone équatoriale. Cet exercice est joué en alternance avec l’exercice majeur biannuel des Forces armées aux Antilles (FAA), « Caraïbes », s’appuyant sur des scénarios de catastrophe naturelle dans la zone caraïbe.