Les sous-lieutnenat Maxime et Mattis, ambassadeurs de la fondation, font un discours

Hommage à Saint-Exupéry au Souvenir Français : 80 ans de "Pilote de guerre"

07/12/2022

L’exposition, ouverte jusqu’au 3 janvier 2023, a été inaugurée en présence du général Pena, inspecteur de l’AAE, des jeunes pilotes du « Courrier Sud », des EAJ et de nombreux Aviateurs et Aviatrices.

Organisée par la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse et hébergée au siège du Souvenir Français dans le 17e arrondissement de Paris, l'exposition met à l’honneur le roman autobiographique Pilote de Guerre publié en 1942. Les visites sont possibles du lundi au vendredi entre 9 heures et 17 heures, hormis la semaine du 22 au 26 décembre.

Pilote de Guerre : 80 ans de la publication

Sous la plume de Saint-Exupéry, humanisme et aviation prennent sens l’un dans l’autre. Pour l’Aviateur, piloter est l’acte dans lequel l’humanisme s’incarne : « On ne dit rien d’essentiel sur l’homme, si l’on cherche à le définir par des qualités d’homme, (…) aucune explication verbale ne remplacera jamais la contemplation. (…) Notre humanisme a négligé les actes. Il a échoué dans sa tentative. L’acte essentiel ici a reçu un nom. C’est le sacrifice. (…) L’humanisme a négligé le rôle essentiel du sacrifice. Il a prétendu transporter l’homme par les mots et non par les actes. » La mission de surveillance en vol accomplie par Saint-Exupéry pendant la Première Guerre mondiale et racontée dans Pilote de Guerre est un acte d’humanisme. Le protagoniste du roman, pilote du groupe 2/33, accepte une mission extrêmement périlleuse au-dessus d’Arras. Il part en pensant qu’il ne reviendra pas et s’apprête à se sacrifier. Son récit mêle l’adrénaline en vol (« Capitaine ! » / « Oui ? » / « Six chasseurs, six, à l’avant-gauche ! ») à des méditations sur l’humanisme (« L’humanisme s’est donné pour mission exclusive d’éclairer et de perpétuer la primauté de l’homme sur l’individu. ») et à des souvenirs d’enfance (« Le collège est fini pour eux. On les lâche dans la vie. Leur science va servir. Ils vont, comme des hommes, essayer sur leurs adversaires les recettes de leur calcul. »).

L’histoire est publiée en 1942, à New York, où Saint-Exupéry s’est rendu après avoir été démobilisé. Il s’est exilé pour tenter de convaincre le gouvernement américain d’entrer en guerre contre l’Allemagne nazie. Pendant ces 27 mois loin de la France, il écrit Pilote de Guerre pour raconter son expérience dans le groupe de reconnaissance aérienne 2/33, l’une des unités des forces françaises aériennes les plus exposées aux dangers. La mission au-dessus de la ville d’Arras, occupée par les Allemands, lui a valu la croix de Guerre. 

Le roman est l’occasion d’un réquisitoire pour le courage en acte contre la théorie verbeuse, pour l’universel contre le particulier, pour la civilisation contre le nazisme : « Je combattrai donc quiconque prétendra imposer une coutume particulière aux autres coutumes, un peuple particulier aux autres peuples, une race particulière aux autres races, une pensée particulière aux autres pensées. »

Le livre est publié simultanément en anglais et en français. Les copies francophones partent pour la métropole, où elles sont interdites et distribuées dans les réseaux résistants. Les copies anglophones circulent à New York et valent au commandant Saint-Exupéry des rencontres avec des membres influents de la capitale américaine : le pilote-écrivain réussit sa mission, apporter sa pierre à l’édifice pour convaincre les Américains d’entrer en guerre en faveur de la France libre.

deux personnes regardent les éléments de l'exposition
vue sur les panneaux explicatifs de l'exposition. Des EAJ visitent
Deux sculptures offertes par le musée de l'Air et de l'Espace du Bourget

Inauguration de l’exposition au siège du Souvenir Français

La série de discours d’inauguration de l’exposition s’est montrée à la hauteur de l’événement. Le contrôleur général des armées, Serge Barcellini, président général du Souvenir Français, a salué les nombreux invités, parmi lesquels l’Association des maires ruraux, des ambassadeurs et attachés de défense de pays amis, de nombreux Aviateurs et Aviatrices et l’ancienne ministre Claudie Haigneré. Olivier D’Agay, secrétaire général de la Fondation Saint-Exupéry pour la Jeunesse, a rappelé l’histoire de la « mission sacrifiée » au-dessus d’Arras, ainsi que les qualités humaines du capitaine : il avait remué ciel et terre pour se faire accepter dans le groupe 2/33 et « prendre sa part de danger ». D’ailleurs, après avoir publié son livre et suite à ses rencontres importantes au Pentagone, il décide de repartir au combat, en Afrique du Nord, où il tombe pour la France en 1944.

Aujourd’hui, la Fondation Saint-Exupéry pour la Jeunesse entretient sa mémoire auprès de la jeunesse. Liée à l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) par une convention signée il y a treize ans, la fondation est notamment active auprès des jeunes d’Issy-les-Moulineaux et d’Asnières, et des escadrilles air jeunesse (EAJ). Elle organise chaque année le rallye Toulouse-Saint-Louis avec des élèves-pilotes. En 2022, ce sont les sous-lieutenants Mattis et Maxime qui ont volé (du 17 au 30 septembre 2022) sur les traces de Saint-Exupéry. À la tribune de l’inauguration, ces deux ambassadeurs de la Fondation ont succédé au secrétaire général pour un discours. Ce fut l’occasion de citer Saint-Exupéry : « La guerre n’est pas une aventure, c’est une maladie » et d’ajouter que « l’armée en est une, d’aventure ». Ils ont laissé la parole à des orateurs encore plus jeunes, trop jeunes encore pour connaître cette aventure : des équipiers des escadrilles air jeunesse ont lu des lettres de Saint-Exupéry : « Tu sais bien que je n’ai pas le goût de la guerre mais je ne peux pas rester à l’arrière, il faut prendre sa part de risque. »

Le général Pena, IAAE a eu l’honneur de conclure l’inauguration : « Qui veut comprendre cette époque doit avoir lu Pilote de Guerre, ainsi que, me semble-t-il, L’Étrange Défaite de Marc Bloch. » Pour gagner la guerre avant la guerre, il faut savoir déchiffrer le monde : « C’est évidemment le rôle des militaires que de contribuer à l’évaluation du monde dans lequel nous vivons, et de proposer des solutions à nos autorités politiques pour “gagner la guerre avant la guerre” tout en étant capable de vaincre par les armes si besoin. » Déchiffrer le monde, cultiver la mémoire, encourager la jeunesse : ce sont les trois points sur lesquels a insisté le général Louis Pena. Dans le domaine de la mémoire comme dans d’autres, particulièrement dans le contexte du retour de la guerre aux frontières de l’Europe, « nous ne devons pas subir, nous devons faire face ». Après avoir rappelé l’importance de ne pas tout craindre mais de se préparer à tout, l’inspecteur de l’AAE a terminé son discours avec conviction : « Gardons la foi dans les hommes et les femmes de bonne volonté, à l’image de Saint-Exupéry. Gardons la foi dans notre jeunesse, aidons-la et guidons-la. »

Le général Pena fait un discours
Les EAJ posent avec le général Pena et un général

À la vision stratégique du chef d'Etat-Major des armées (CEMA) « Gagner la guerre avant la guerre », la vision stratégique du chef d'Etat-Major de l'armée de l'Air et de l'Espace (CEMAAE) contribue en s’appuyant sur les forces aérospatiales françaises : « Vaincre par la 3D : Décourager, Défendre et Défaire ». Ces trois axes résument ce dont sont capables les Aviateurs et les Aviatrices, de la diplomatie aérienne à l’engagement opérationnel.

Affiche de l'exposition