15/11/2022
L’IHEDN, qui forme des militaires et des civils aux enjeux de la défense, organise chaque année une présentation des capacités de l’AAE. Retour sur la journée du 10 novembre.
Deux Rafale traversent le ciel à plus de 200 km/h au-dessus de nos têtes. Pendant une heure, les aéronefs de la flotte de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) jouent en accéléré un scénario d’affrontement réaliste d’une durée de 24 heures, inspiré des missions opérationnelles menées tout au long de l’année. Les Rafale poursuivent un avion ennemi, joué par un PC-21, dont la présence dans l’espace aérien a été repérée par le « Vador », avion léger de surveillance et de renseignement (ALSR). Un ravitailleur A330 Phénix MRTT décolle à proximité des Rafale pour assurer leur ravitaillement en vol. Pendant le combat aérien, des militaires ont été déployés au sol et des véhicules ennemis se sont approchés. Il suffit de la démonstration de présence d’un Rafale pour que les ennemis prennent la fuite, mais un de nos hommes est blessé. Une opération de sauvetage est alors réalisée sous nos yeux : en moins de cinq minutes, un hélicoptère Caracal largue cinq parachutistes. Ils secourent le militaire blessé. Un Casa Nurse – véritable hôpital volant – se pose à proximité, ouvre sa rampe arrière. Les parachutistes embarquent avec le blessé et le transporteur décolle. Au sol, les forces spéciales ont fait un prisonnier et attendent le Caracal qui s’approche en volant proche du sol pour passer sous toute couverture radar. Celui-ci jette la corde, il ne faut que quelques secondes pour que les commandos mettent en place la grappe qui les attache à la corde. L’exfiltration par aérocordage marque la fin et le succès de la mission.
Cette démonstration dynamique des capacités de l’AAE a été organisée sur la base aérienne (BA) 105 d’Évreux pour permettre aux auditeurs de l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN) et à la promotion 2021-22 de l’École de guerre (EDG) de rencontrer les Aviateurs. L’IHEDN forme des militaires et des civils (parlementaires chargés des questions de défense, journalistes, représentants d’entreprise notamment dans l’aéronautique et l’industrie de l’armement…), tandis que l’École de guerre forme les chefs militaires de demain. La 29e promotion, qui fait actuellement ses classes, est composée de 200 officiers français, 88 officiers de 62 pays alliés ou partenaires, et de 45 auditeurs issus de la société civile.
La journée a débuté par un discours du général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE). Il a souligné la capacité qu’ont les Aviateurs français d’« analyser rapidement et agir instantanément » sur des théâtres sur lesquels ils peuvent être déployés en quelques heures seulement, même à l’autre bout du monde. Il a également rendu hommage aux valeurs auxquelles ils doivent leur réputation : « Les Aviateurs sont engagés, réactifs et audacieux. L’âme de l’Aviateur le pousse encore et toujours à dépasser les limites ordinaires, à se jouer des surprises dans le ciel et dans l’espace, à combattre avec ses frères d’armes qui œuvrent dans les milieux terrestre, maritime ou cyber. »
Après le discours, les auditeurs de l’IHEDN et de l’EDG ont été invités à rencontrer les Aviateurs au travers d’une exposition. Les commandos parachutistes de l’air n°10 (CPA 10) ont présenté leur métier aux membres de l’assistance, qui ont ensuite été initiés aux enjeux de la sécurité spatiale par le colonel et le capitaine représentant le Commandement de l’espace (CDE). Un coordinateur tactique de la BA 709 de Cognac a exposé les différentes spécialités des mécaniciens de l’AAE. La cellule innovation auprès du major général de l'AAE, située à Balard, a décrit son rôle de soutien aux côtés des Aviateurs innovateurs, dont certains étaient venus de diverses bases aériennes. Parmi les huit stands montés dans le hangar, on compte également celui des Forces aériennes stratégiques, qui tiennent la posture de dissuasion nucléaire sans interruption depuis le 8 octobre 1964. Enfin, les auditeurs ont eu l’occasion d’échanger avec des équipiers de l’escadrille air jeunesse (EAJ), encadrés par de jeunes réservistes. Victime de son succès, l’EAJ d’Évreux doit sélectionner ses volontaires parmi les candidats. Cela prouve le succès de la démarche, en écho à l’hommage du général Stéphane Mille dans son discours d’inauguration : « Il en faut de l’audace pour lancer le dispositif Escadrille Air Jeunesse alors que les effectifs de l’AAE ont connu une baisse de plus de 20% au cours des dix dernières années. »
Sur le tarmac, les auditeurs ont pu découvrir le système de défense sol-air Mamba, admirer de près le chasseur Rafale et l’hélicoptère Caracal, monter dans un A330 Phénix MRTT, un A400M Atlas, un Casa ou encore un C-130. Un PC-21 – premier chasseur sur lequel les pilotes sont formés – était également visible. Auprès de chaque aéronef, des Aviateurs expérimentés étaient prêts à répondre aux questions des civils et militaires en formation. Ainsi, par exemple, des élèves-pilotes ont pu témoigner de leurs premiers vols, et des personnels navigants ont exposé les innovations à venir sur les moyens.
La démonstration aérienne, orchestrée par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), est la dernière phase de cette journée de présentation des forces. Cet événement constitue aussi une journée d’acculturation pour les civils, et une immersion dans l’aviation française pour les militaires de l’armée de Terre et de la Marine ainsi que les hauts gradés étrangers en formation à l’EDG.
