Pose des intervenants devant le pupitre

Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes

25/11/2022

Deux officiers supérieures de l’armée de l’Air et de l’Espace ont participé à une table ronde sur le thème « Femmes en temps de conflits armés ».

Sur invitation de la délégation aux droits des femmes du Sénat, la commandant Claire et la générale Catherine Bourdès, Commissaire générale haute-fonctionnaire à l’égalité des droits au ministère des Armées (MINARM), se sont exprimées sur la mixité au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE). « Les femmes sont souvent les premières victimes des guerres. Mais il n’y a pas que des femmes victimes de guerre : il y a aussi des femmes engagées pour la défense, donc on a souhaité inviter des femmes exerçant dans les armées », explique Madame Annick Billon, sénatrice de Vendée et Présidente de la délégation. La table ronde s’inscrit donc dans la résolution 1325 du Conseil de sécurité, promulguée en 2000, qui reconnaît l'impact des conflits armés sur les femmes et les filles, vise à garantir leur protection et prévoit leur pleine participation aux accords de paix.

La table ronde a eu lieu la veille du 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, suite à une décision de l’ONU en 1999. L’évènement a réuni au Sénat des acteurs juridiques, ONG, reporters, sociologues, acteurs humanitaires ainsi que deux officiers supérieures de l’AAE et l’Ambassadeur de France en Ukraine. L’Ambassadeur et les officiers supérieures de l’AAE étaient invités à s’exprimer sur l’état actuel de la mixité au sein des Armées françaises.

Eliminer les violences faites aux femmes et les discriminations au sein de l’armée

La Général Catherine Bourdès a rappelé que les hommes et les femmes bénéficient d’un statut unique dans les armées depuis 1972. « On sait que l’égalité de droit ne correspond pas toujours à l’égalité réelle, c’est pourquoi le Ministère des Armées s’est attaché à ce que l’égalité soit réelle », annonce-t-elle avant de détailler les moyens mis en œuvre : la création du poste qu’elle occupe, puis de l’observatoire de la parité en 2013 : « Il sert à détecter les incohérences entre les parcours des hommes et des femmes puis à proposer des solutions. Il se réunit le 8 mars ». Une cellule de soutien en cas de violences sexuelles, mais aussi de discriminations dû au genre, à l’âge, au handicap ou à la religion a été mise en place. « Le sexisme ordinaire, c’est pénible, et quand ça arrive devant Thémis [nom de cette cellule], c’est l’échec de la formation et de l’information » : la formation aux personnels doit donc être au cœur de l’action du ministère.

La juste place des femmes dans les armées

La promotion en août 2022 de la générale Monique Legrand-Larroche au grade de cinq étoiles laisse présager une plus grande proportion de femmes aux postes de pouvoir (il s’agit de la première femme à atteindre ce grade le plus haut des armées). « 20% des lauréats du concours d’officier sont des femmes aujourd’hui. Il faut trente ans pour faire un général », explique la général Catherine Bourdès. Les armées françaises comptent déjà 9,66% d’officiers généraux : « nous sommes les premiers dans le monde, aucun pays n’a autant de femmes officiers généraux ». La France est par ailleurs la quatrième armée la plus féminisée au monde, et la première au niveau européen, avec plus de 25% de femmes à travers les armées. L’armée de l’Air et de l’Espace se place devant la Marine et l’armée de Terre.

La Général Catherine Bourdès conclue son intervention en insistant sur la « juste place des femmes dans les armées. Quand je dis « juste », je veux dire qu’elle doit correspondre à leurs compétences, à leur expérience et à leur ambition. Notre mission première est d’assurer la défense de la nation. »

« Mon parcours est celui d’une femme qui a su progresser dans l’institution »

Selon la commandant Claire, « tant qu’on est motivée, qu’on a envie de réussir et qu’on a envie de servir la France, on a notre place en tant que femme dans l’armée de l’Air et de l’Espace au même titre qu’un homme ». La commandant exerce comme chef du bureau d’appui aux opérations de la 33e escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque (ESRA) sur la base aérienne (BA) 709 de Cognac. Elle s’est engagée comme sous-officier en 2005, à l’issue d’une licence en langues étrangères appliquées : « Mon parcours est celui d’une femme qui a su progresser dans l’institution. On a la possibilité de rentrer par la petite porte et de s’élever par la suite : je suis rentrée sous-officier à Rochefort et aujourd’hui me voilà officier supérieur. J’ai fait une licence en langues appliquées, mais je voulais quelque chose de différent, je voulais servir mon pays, adhérer à une cause qui me tenait à cœur. Le fait d’être une femme dans l’armée de l’Air et de l’Espace n’est pas un obstacle, il faut avoir du caractère mais les contraintes et les chances de progresser restent les mêmes que pour un homme. Ce qui est plus délicat est de trouver un équilibre entre engagement opérationnel et vie familiale ». La commandant ne juge pas cet équilibre plus difficile à trouver au sein de l’armée que dans n’importe quelle autre carrière civile.

En fin de session, la Présidente a insisté sur l’importance de la présence des femmes pour assurer la sécurité : « La place des femmes dans l’armée est aussi représentative de la société. Bravo à vous Mesdames d’avoir représenté les armées ce matin. Un espace public plus égalitaire est un espace public plus sûr : tout le monde y gagne ».

Pose des intervenants devant le pupitre

Femmes, paix, sécurité

Les interventions de la commandant Claire et de la général Catherine Bourdès se sont insérées dans un ensemble de prises de paroles sur les femmes en temps de conflit armé. Avant les témoignages des officiers supérieurs de l’armée de l’Air et de l’Espace, ont été entendus des acteurs qui constatent les violences faites aux femmes en conflit armé : Amnesty International, We Are Not Weapons of War, ainsi que la journaliste lauréate du prix Bayeux Maurine Mercier. Ont également été entendus des acteurs humanitaires qui réparent les femmes victimes de violence : le CICR, Gynécologie Sans Frontière, Bibliothèques Sans Frontières et SFVS. Parmi les interventions, plusieurs ont sensibilisé l’assemblée sur l’utilisation systématique du viol comme arme de guerre en Ukraine et dans une majorité de conflits et de zones en crise.

La conscience de la communauté internationale au sujet du viol comme crime de guerre a commencé pendant les guerres de Yougoslavie, dans les années 1990. Ce crime de guerre concerne la victime et atteint son entourage (les proches de la victime peuvent être forcés à assister au crime et les technologies sont utilisées pour filmer, répandre ou menacer de répandre ces images). Concernant des femmes et des filles à 96%, les violences sexuelles sont menacent également les personnes fuyant les zones de conflit lors de leur parcours migratoire, comme l’a rappelé la Sénatrice Martine Filleul.

La Sénatrice française Joëlle Garriaud-Maylam, qui a été nommée ce 21 décembre Présidente de l’assemblée parlementaire de l’OTAN, était présente pour rappeler l’engagement allié sur la mixité dans les organes de défense, ainsi que sur la protection des femmes en conflits armés. Le prix « Femmes pour la paix et la sécurité » est décerné chaque année par l’assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN).