Un Rafale de l'exercice Pitch Black 2022 sur le parking avion.

Pitch Black 2022 : retour sur cette édition avec le général Stéphane Groën

09/09/2022

À l’occasion de la fin de Pitch Black 2022 en Australie, le général Stéphane Groën, chef de la mission PEGASE 22 et du détachement français nous explique les particularités de cet exercice.
Le général Groen marchant sur la base aérienne de Darwin en Australie

Mon général, l’exercice Pitch Black est désormais terminé, comment s’est-il passé ?

L’exercice s’est bien déroulé. À notre arrivée, les équipages ont rencontré des homologues d’armée de l’Air qu’ils connaissaient déjà parfaitement : les Américains, les Britanniques, ou encore les Allemands. En revanche, ils étaient peu familiers avec leurs homologues coréens, japonais, indonésiens et singapouriens. Ils ont appris à se connaître, à réfléchir ensemble et à développer des tactiques pour in fine opérer de concert dans un environnement complexe de haute intensité. J’estime que l’objectif de connaissance mutuel pour mieux opérer ensemble est atteint. Les gens ont appris à se connaître rapidement. Ils sont désormais capables de monter des missions complexes et de les réaliser en toute sécurité et en toute efficience. 

 

Quel était l’objectif de cette nouvelle édition ?

L’objectif de Pitch Black 2022 était de faire passer les messages suivants à nos partenaires mais aussi à nos compétiteurs : la France est souveraine, elle est capable de protéger ses citoyens et ses intérêts partout dans le monde. En se déployant sous un préavis très court dans le Pacifique, elle est capable de protéger ses ressortissants, défendre ses intérêts et apparaît donc comme un partenaire militaire crédible, fiable et très réactif.  A travers sa participation à l’exercice Pitch Black, la France rappelle aussi à chacun des pays participants qu’elle est une nation du Pacifique, et qu’en y projetant en très peu de temps un dispositif aérien complexe, elle est attachée à la liberté de navigation aérienne et d’action dans tous les espaces communs.

 

Que pouvez-vous nous dire sur l’intégration des Rafale français et F-35 australiens ?

Il s’agit d’un point important de cette nouvelle édition de Pitch Black 2022. Pour la première fois, les Rafale et les F-35 australiens ont utilisé la même liaison de données tactique plus communément appelée L-16. Les Rafale de l’AAE, les F35 et les EA18 de la RAAF en sont équipés. Ils sont donc connectés et peuvent échanger des données, ce qui renforce l’interopérabilité et donc l’efficacité opérationnelle entre l’AAE et la RAAF.

 

Comment la manœuvre multimilieux-multichamps s’inscrit-elle dans l’’exercice ?  

Une opération multimilieux-multichamps va permettre d’intégrer des effets dans les milieux terrestre, maritime, aérien, cybernétique et spatial ainsi que dans les champs informationnel et électronique pour démultiplier leur efficacité et atteindre plus vite les objectifs de l’opération.

L’exercice PITCH BLACK, qui est un exercice majeur du milieu aérien, doit, à ce titre, être considéré comme un exercice tactique multimilieux-multichamps. En effet :

  • Le scénario inclut des mouvements terrestres et maritimes même si ceux-ci sont fictifs
  • Est prise en compte la météo spatiale dans la préparation des missions. En effet, le soleil connait plusieurs milliards d’éruptions dans la journée qui produisent des champs électromagnétiques qui peuvent impacter nos communications passant par les satellites ainsi que la précision de nos GPS.
  • Le cyber joue également un rôle essentiel dans la protection de nos systèmes d’information ;
  • Les effets dans le champ électromagnétique sont produits par des avions brouilleurs engagés dans chaque mission de l’exercice ;
  • Enfin, PITCH BLACK possède un volet informationnel conséquent puisqu’une campagne d’information robuste sur l’exercice a été élaborée bien en amont par l’organisateur australien et, se matérialise par une multitude de reportages dans les médias australiens, plus particulièrement dans les journaux télévisés aux heures de grande écoute.

Enfin, je conclurais en précisant qu’aujourd’hui, PITCH BLACK est le seul exercice dans la zone Pacifique sud simulant un cadre d’emploi de haute intensité. Le réalisme de cet entrainement multimilieux-multichamps est grandement facilité par le recours à une zone d’exercice, qui a des dimensions exceptionnelles (elle représente en surface le tiers de l’espace aérien français), sans commune mesure avec les zones d’entrainement en Métropole, ce qui en fait un exercice unique.