Un A330 Phénix ravitaillant deux Rafale à l'aide des perches de ravitaillement, au-dessus d'un théâtre d'opérations.

Le ravitaillement donne des ailes

Au coeur des opérations militaires d'hier, d'aujourd'hui et de demain, le ravitaillement stratégique permet à la France de projeter et de soutenir ses forces dans le monde entier.

Des équipages à la pointe

Face à l’arrivée des ravitailleurs A330 MRTT de dernière génération au sein des forces, le volet transformation des équipages C-135 et formation des nouvelles recrues a joué un rôle essentiel dans la modernisation de la flotte de ravitailleurs stratégiques. Retour sur l’escadron de transformation Phénix 3/31 « Landes » chargé de l’instruction des équipages.

Qui dit nouvel appareil, dit procédures d’emplois différentes et nouvelles technologies à appréhender et à maîtriser. Dès l’arrivée du premier A330 MRTT dans les rangs de l’armée de l’Air et de l’Espace, un enjeu majeur s’y associait : former les premiers équipages sur ce gros-porteur aux caractéristiques et aux capacités distinctes de celles de son prédécesseur. Naît alors, en septembre 2020, l’escadron de transformation Phénix (ETP) 3/31 « Landes », « garant de la formation des équipages ayant vocation à opérer sur l’A330 MRTT, s’adressant à la fois aux pilotes, aux opérateurs de ravitaillement en vol, aux mécaniciens et aux personnels navigants de cabine », indique le lieutenant-colonel Cyril, à la tête de l’escadron de transformation « Landes ». Pleinement intégrée à la 31e escadre, l’unité rassemble une trentaine d’experts chargés de préparer les équipages de demain ainsi que les futurs instructeurs, de manière à pouvoir assurer sans interruption le volet de formation des nouvelles recrues dont la finalité est l’aptitude à la mission de dissuasion nucléaire. Cette année, le « Landes » a formé près de 20 pilotes, issus d’horizons divers et variés. « On retrouve aussi bien des pilotes ab initio, c’est-à-dire qui sortent d’école, et n’ont encore aucune expérience en unité opérationnelle, que des pilotes ayant volé sur d’autres vecteurs, qui doivent donc se transformer sur ce nouvel appareil », précise-t-il. S’il y a eu, ces dernières années, de nombreux passages du C-135 au MRTT, les jeunes pilotes vont représenter, dans les années à venir, la plus importante proportion du personnel à former. L’arrivée de l’« Esterel » sur le site d’Istres, d’ici 2023, constitue un enjeu de taille pour l’escadron de transformation qui devra « former ces équipages aux spécificités des missions de ravitaillement et de convoyages d’avions d’armes dans la mesure où ils ne volent pas tout à fait sur la même machine puisqu’ils opèrent sur des A330-200 de type civil », accroissant ainsi le public à instruire pour l’année à venir. Pour être « transformés » sur Phénix, les pilotes doivent accomplir une formation orchestrée en deux temps. D’une part, ils débutent par passer une qualification à l’aéroport Charles de Gaulle, sur A330 civil, dispensée par un prestataire externe civil, au cours de laquelle ils réalisent un certain nombre de simulateurs les préparant au plus proche de la réalité. À l’issue des deux mois, ils doivent valider un test final, évalué par un examinateur de l’ETP qui vient vérifier que les bases de formation sont bien acquises. « L’obtention de cette qualification démontre la capacité du pilote à piloter n’importe quel A330 civil, développe le lieutenant-colonel. C’est à partir de là qu’il revient à l’ETP pour suivre la formation propre à la version militarisée de l’aéronef et apprendre véritablement la gestion des différentes missions du MRTT. » Une formation théorique d’environ deux semaines, suivie d’un volet pratique incluant des vols aux profils très variés reprenant l’ensemble du spectre des missions réalisables par le MRTT et cela de « de manière très imbriquée avec le “Bretagne”, avec qui nous partageons les avions », est nécessaire pour être « lâché » sur le ravitailleur dernière génération. Les pilotes agréés rejoignent ensuite le « Bretagne », commençant ainsi leur carrière opérationnelle pour les ab initio, ou poursuivant leur feuille de route déjà bien remplie pour les plus expérimentés et anciens du C-135. L’un des enjeux majeurs de l’escadron 3/31 est l’obtention, d’ici fin 2023, d’un simulateur de vol A330 MRTT propre à la 31e EARTS, qui sera implanté directement sur la base aérienne 125 d’Istres. « L’objectif, bien sûr, est de ne plus dépendre du prestataire externe et d’être entièrement autonome dans notre volet de formation », conclut le chef de l’ETP. Pour cela, un simulateur est actuellement en cours de développement avec la Direction générale de l’armement (DGA), qui vise une première opérationnalité de l’appareil début 2024. L’arrivée de la machine sera, en théorie, synchronisée avec la réception du douzième MRTT d’ici un an, démontrant ainsi la modernisation effective des capacités de ravitaillement stratégique françaises.

A l'image, un pilote en formation utilisant la synthèse radar sur sa tablette de vol, assis dans le cockpit de l'A330 MRTT Phénix