Un A330 Phénix ravitaillant deux Rafale à l'aide des perches de ravitaillement, au-dessus d'un théâtre d'opérations.

Le ravitaillement donne des ailes

Au coeur des opérations militaires d'hier, d'aujourd'hui et de demain, le ravitaillement stratégique permet à la France de projeter et de soutenir ses forces dans le monde entier.

Historique

Face aux premiers essais nucléaires concluants menés par les puissances mondiales américaine (1945), soviétique (1949) et britannique (1952), le général de Gaulle souhaite faire de la dissuasion nucléaire le garant de l’indépendance nationale française. Dans un climat de guerre froide et après la crise du canal de Suez, il fait alors accélérer le programme atomique français. Le 13 février 1960, la France réalise son premier essai nucléaire au cœur du désert algérien. L’explosion, qui s’avéra probante, fait alors de la France la 4e puissance atomique mondiale. Les Forces aériennes stratégiques (FAS), chargées de l’emploi des armes nucléaires au sein de l’armée de l’Air, naissent en 1964. Émergence alors du binôme Mirage IV, avion de chasse, et Boeing KC-135, son ravitailleur. Si disposer d’une force de frappe aérienne était incontournable, l’acquisition d’appareils de ravitaillement en vol, pour fournir aux chasseurs une élongation supplémentaire leur permettant d’assurer leurs missions opérationnelles, l’était tout autant. La France se dote ainsi de 62 avions de chasse et de douze C-135FR, intégrés progressivement dans la flotte aérienne nationale. Le 8 octobre 1964 est une date marquante dans l’histoire nucléaire française puisqu’elle constitue la première prise d’alerte d’un bombardier Mirage IV, armé de la bombe AN-11, couplé à l’aéronef de ravitaillement en vol C-135F: la force de dissuasion nucléaire française est désormais opérationnelle.

Un renouvellement capacitaire programmé

Transport de fret et de personnel, ravitaillement d’avions de chasse ou encore évacuations sanitaires: la flotte Boeing assure, depuis plus de 50 ans, un large spectre de missions, aussi bien au-dessus du territoire français qu’à des milliers de kilomètres de là. Installés sur la base aérienne 125 d’Istres depuis les années 1960, les gros-porteurs C-135 de 40 mètres d’envergure y opèrent toujours, au profit de l’escadron de ravitaillement en vol 4/31 «Sologne». Dans une optique de moderniser la flotte aérienne française, la loi de programmation militaire 2014-2019 préconisait «le renouvellement des ravitailleurs C-135 (56 ans en 2019), engagé par le lancement en 2014 de l’acquisition d’une flotte de douze A330 MRTT Phénix. […] Cette nouvelle flotte répondra au besoin mutualisé des fonctions de dissuasion, de protection et d’intervention, en apportant des capacités importantes de ravitaillement en vol, de projection de puissance et de forces, de transport de fret et d’évacuations sanitaires aériennes lourdes. À terme, la capacité de projection stratégique et de ravitaillement en vol reposera sur la complémentarité entre les MRTT et les A400M.» Les dés sont alors jetés. Si la flotte historique de C-135 a assuré de bons et loyaux services depuis leur entrée en service en 1964, elle sera progressivement remplacée par un appareil plus moderne, aux capacités plus importantes: l’A330 MRTT Phénix. Cette vision stratégique a été pensée en anticipation d’une potentielle rupture capacitaire dans les années à venir, au vu du vieillissement et de l’obsolescence logique des machines, qui engendrerait un coût de maintenance très élevé. L’armée de l’Air et de l’Espace dispose actuellement de huit Phénix, capacité qui s’élèvera à douze d’ici la fin de l’année 2023, et quinze à l’horizon 2025.

La flotte historique de ravitailleurs C-135 est entrée en service en 1964. A l'image, un C-135 ravitaillement un chasseur.