Valérie André : une Aviatrice d'exception

Le général Valérie André a inspiré des générations d'Aviatrices et d'Aviateurs et a contribué à l'ouverture des métiers de l'armée de l'Air et de l'Espace. Retour sur un parcours hors normes.

Indochine - de la croix médicale à la croix de guerre

Le médecin capitaine André arrive en Indochine en janvier 1949. Elle est affectée à l’hôpital Mÿ Tho puis, le 5 février 1949, à l’infirmerie de l’hôpital Costes de Saigon où elle apprend la médecine de guerre. Forte de son brevet de parachutisme, elle se porte volontaire pour soutenir les postes isolés du front qui ne peuvent être ravitaillés que par la voie des airs. En 1949, elle effectue sa première mission parachutée sur le Laos où elle pratique la chirurgie de guerre en soignant les soldats blessés.

Photographie du capitaine André en Indochine. La végétation luxuriante et la chaleur y génèrent des conditions rudes, à la fois pour les corps et les esprits.

Des hélicoptères de l’armée de l’air au service de l’évacuation des blessés

Le 14 avril 1950, le Service de santé des armées en Indochine acquiert deux hélicoptères Hiller 360 UH destinés à l’armée de l’Air. Les deux premiers pilotes, Raymond Fumat et Alexis Santini, sont affectés à l’escadrille de liaison aérienne (ELA) 52 qui doit couvrir un territoire vaste de 740 000 km2. Mais en mai 1950, le sergent Fumat se blesse et Valérie André, qui est fascinée par « ces merveilleuses petites machines semblables à des libellules », obtient l’autorisation de faire un stage de pilotage en France pour le remplacer.

Le premier hélicoptère piloté par Valérie André, un Hiller 360 UH. Deux nacelles sur ses flancs permettent chacune de transporter un blessé.

En 1952, la France mène l’opération Lorraine pour stopper l’avancée du Viet Minh dans le delta du Tonkin. Le 16 mars 1952, Valérie André réalise sa première mission héliportée. Elle doit alors poser l’appareil, puis, rotor tournant, ouvrir les paniers pour y installer les blessés et enfin redécoller en prenant garde aux personnels restés au sol. Elle se souvient : « Je me résous à tenter le décollage en pleine charge. Le Hiller, rasant l’herbe, prend sa vitesse, mais ne consent à monter qu’au terme d’une course de cinquante mètres. Pendant ces secondes de vol presque horizontal, j’ai surpris sur les visages des spectateurs une certaine anxiété. »

Ventilateur dans les airs

Son calme et sa détermination forcent l’admiration des combattants. En effet, ces opérations aéroportées se déroulent sous le feu de l’ennemi qui utilise des armes légères, des mortiers et des batteries de DCA. Entre le 16 mars et le 11 décembre 1952, l’appareil du capitaine Valérie André est touché sept fois. Outre les affres des combats, Valérie André doit affronter les vicissitudes du climat tropical : la chaleur, la soif, les pluies et les maladies. Le capitaine André est aussi confrontée à la réalité de la guerre : blessures graves, corps brûlés et mutilés.

En 1952, son unité est dotée de Westland Sikorski WS 51 qui permettent l’évacuation de quatre blessés à la fois. Valérie André, dont l’indicatif de vol est Ventilateur, accomplit sa tâche sans relâche. Elle affirme : « Servir dans l’armée impose un désintéressement total, un esprit de dévouement, un sens de la solidarité constant. On ne saurait s’accorder des délais de réflexion, des états d’âme, des replis sur soi trop longtemps, sans risquer de perdre le goût de l’aventure. »

En avril 1953, Valérie André quitte l’Indochine, avec à son actif 129 missions de guerre dont 300 heures de vol, 22 sauts en parachute et le sauvetage de 165 blessés.

Texte : Centre d'études stratégiques aérospatiales (CESA),  adjudant-chef Jean-Paul Talimi, sous la direction de Jean-Charles Foucrier, docteur en histoire.

Photographies : Service historique de la Défense