Une intervenante de haut vol donne une conférence sur l’Espace à Rochefort

Membre sénior de l’Association Aéronautique Astronautique de France (AAAF), Chevalier de l’Ordre National du mérite et Chevalier de la Légion d’honneur, ces décorations prestigieuses distinguent Christine Francillon, dirigeante au sein du leader européen des lanceurs spatiaux ArianeGroup. Cette ingénieure revient sur son parcours empreint par les challenges et la force de conviction, mais aussi, sur une conception personnelle qu’elle s’est forgée du monde de l’entreprise.

La diversité, l’envie, l’énergie, l’ambition collective et la résilience : des notions et des valeurs tout naturellement consignées sur sa propre feuille de route et qui la définissent avant tout en tant que femme. Sans masque, c’est une femme authentique et faisant montre d’une certaine droiture et bienveillance qui revient sur près de 40 ans de carrière. Douée d’un patrimoine technique, scientifique et technologique, Christine Francillon donnait mercredi 20 avril 2022, une conférence aux élèves et cadres de la base école de Rochefort sur le thème de la maîtrise de l’Espace. Un domaine d’expertise d’ArianeGroup qui a retenu toute l’attention des élèves sous-officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace particulièrement curieux de cet univers en plein essor et si caractéristique de leur armée d’appartenance.

Des chemins de fer à l’espace

« J’utilise souvent un mot qui n’est pas toujours perçu comme il faut : l’opportunité. J’ai toujours refusé d’avoir un plan de carrière et je n’en ai jamais eu. La réponse a été souvent : « je ne sais pas ». J’ai donc fait le choix de suivre des personnes dans des aventures et j’en ai emmené d’autres, avec pour objectifs le plaisir et l’ambition collective. Rien ne m’amenait vers la Défense. Je n’avais strictement aucun historique personnel dans cet univers », introduit-elle. Façonnée par les défis et la curiosité intellectuelle, elle prend ce virage en 2003, après 15 ans de carrière dans l’univers du ferroviaire.

Christine Francillon débute sa carrière en 1988. Alors encore en stage, son directeur de thèse lui indique qu’elle rejoint le groupe franco-allemand MATRA Transport International / Siemens. C’est alors qu’elle participe au projet de mise en service du métro de Hong Kong. Dans le sillage de l’international, elle officie également dans la mise en œuvre des métros de Chicago et Taipei et s’inscrit dans la vie locale. Elle rejoint ensuite Toulouse, Orly, Lille ou encore Paris où elle travaille sur le projet de métro de la ligne 14, première ligne automatique de la capitale française. Elle dirige alors 380 personnes. Après quelques années de fusion franco-allemande avec Siemens, elle prend une nouvelle direction et rejoint ArianeGroup en 2003, anciennement baptisé Airbus Safran Launchers.

Leader mondial de l’accès à l’Espace, ArianeGroup œuvre au service d’institutionnels et commerciaux. Dans le domaine de la Défense, ArianeGroup conçoit des équipements et des solutions innovantes et performantes qui participent à la maîtrise de l’espace, et en particulier, à sa surveillance. L’objectif est d’obtenir une situation spatiale la plus autonome possible et au plus proche de la stratégie et du besoin opérationnel militaire. Cela, afin de garantir la crédibilité et la robustesse du modèle de Défense spatial français sur la scène internationale.

Constance, résilience et énergie

Pour Christine Francillon un projet doit pouvoir s’abreuver d’un enrichissement professionnel hybride pour connaître le succès. Il est le vecteur de la performance. « Je suis une adepte de la différence. Mes équipes sont toujours des modèles de diversité y compris du point de vue des parcours professionnels qu’en termes de métissage culturel et géographique », déclare-t-elle. Elle confesse par ailleurs que son modèle est Jean Luc Lagardère parce qu’il avait construit autour de lui une direction capable de l’alerter voire de le contredire. Ces remises en question garantissant la robustesse de ses initiatives.

« Il faut environ 10 ans pour être compétent dans le domaine de la défense spatiale, voire plus. C’est indispensable pour détenir le niveau de performance que l’on attend dans certains domaines particulièrement complexes. Il faut être très convaincu. J’ai initié certains projets pour lesquels nous sommes partis d’une page blanche en débutant avec seulement trois personnes », confesse-t-elle. Elle a donc indubitablement participé à l’écriture de longues pages car elle a œuvré à l’aboutissement de contrats dans des milieux aussi complexes que la sûreté d’installations nucléaires, à l’élaboration d’une usine de destruction de munitions chimiques, ou encore, à la signature de plusieurs contrats d’infrastructure pour les satellites à l’export, générant jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros.

Dans la conception d’un modèle proche de celui de l’armée de l’Air et de l’Espace, ce qu’elle entend faire ressortir de cette expérience professionnelle riche et variée est que l’on a besoin de toutes les compétences parce qu’elles convergent vers l’efficacité. On ne saurait tendre vers une vision stratégique optimale sans faire interagir de véritables performances collectives. La constance et l’ambition nécessitent par ailleurs une somme d’énergie considérable et la patience est une qualité car 10 ans peuvent parfois être fondamentaux pour mener certains projets à leur pleine maturité.

Se nourrissant de tous les profils et métiers, Christine Francillon considère que le résultat doit être valorisé et reconnu par l’ensemble des cadres et managers, tout en étant capable de délaisser de temps en temps les codes habituels véhiculés dans les grandes entreprises. L’écoute, la pluralité des compétences et des parcours sont à son sens plus que des atouts, mais des vecteurs de réussite professionnelle et d’enrichissement personnel. Enfin, elle conclut : « Je m’entends aussi bien avec l’hôtesse d’accueil qu’avec le PDG ».