Interview : le Général de division aérienne Franck Mollard, commandant de l’EATC

Le mardi 14 novembre, les futurs pilotes du Centre d’instruction des équipages de transport (CIET) 340 se sont rendus à Eindhoven, aux Pays-Bas, pour visiter l’European Air Transport Command (EATC), dans le cadre du PICUS (Pilot In Command Under Supervision – pilote commandant de bord sous supervision).

Cette journée s’effectue dans le cadre du stage commandant de bord, mené par le CIET, et a pour objectif de faire connaître la structure et les missions de l’EATC aux stagiaires. Aux côtés des Allemands, Belges, Italiens et Espagnols, 22 pilotes stagiaires du CIET ont assisté à différentes conférences et ont eu la possibilité d’échanger avec les membres internationaux de l’organisme. La journée s’est terminée par un temps d’échanges avec le chef de la branche française de l’EATC.

Mon général, vous venez de prendre le commandement de l’EATC. Pouvez-vous nous présenter brièvement votre carrière d’aviateur ?

Après avoir été admis sur titre à l’École de l’air et de l’espace (AAE) en 1992, j’ai suivi un cursus de pilote de chasse. La suite de mon parcours m’a amené à travailler en état-major, à commander un escadron de chasse, à vivre au Moyen-Orient, à prendre le commandement d’une base aérienne… Mes trois derniers postes avant l’actuel se situaient à Paris, au Centre des hautes études militaires ainsi qu’en ministère. Me voilà désormais à un poste passionnant, hautement interallié, aux Pays-Bas.

Combien de temps votre mandat va-t-il durer ?

Je serai à poste pendant trois ans, avant de laisser ma place à un officier supérieur allemand. Il y a un roulement tous les trois ans entre les deux nations, car nous sommes les plus gros contributeurs en termes de ressources humaines et d’aéronefs. Les cinq autres nations (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne et Italie) occupent à leur tour la place d’adjoint, « deputy commander ».

Pouvez-vous nous présenter l’EATC ?

Concrètement, l’EATC planifie et conduit des vols au profit des sept nations contributrices. Mais c’est aussi l’exemple réussi d’une mise en commun de moyens où chaque nation, par le partage et l’optimisation de son savoir-faire, gagne en capacités et trouve une plus-value dans la contribution qu’elle y met. L’EATC, c’est un état-major international qui perfectionne l’emploi des flottes de transport, de ravitaillement en vol et d’évacuation aéromédicale.

Pouvons-nous revenir sur les exercices récents, l’European Air Refuelling Training (EART) et l’Aeromedical Evacuation Day (EAD) notamment ?

Ces exercices servent à promouvoir l’interopérabilité en harmonisant la façon dont on travaille entre nations. Par exemple, pour la partie ravitaillement en vol, donc l’exercice EART, nous avons travaillé sur les différentes manières de se donner rendez-vous entre tankers, ou les procédures tactiques en cas d’environnement complexe.

Pour la partie évacuation aéromédicale, donc l’AED, les sept pays ont décidé de mettre en commun leurs moyens qui sont très différents… Moyens qu’il faut savoir choisir en fonction de l’état du patient ! L’idée est de travailler ensemble pour définir quel aéronef est le mieux placé pour répondre aux attentes d’un patient à évacuer.

Pouvez-vous nous indiquer l’effectif d’Aviateurs présents à l’EATC, et le rôle qu’ils y occupent ?

Il y a environ 200 personnes qui travaillent au sein de l’EATC, et un quart d’entre eux sont des Aviateurs de l’armée de l’Air et de l’Espace ! Les postes clés, en-dehors de celui que j’occupe, sont notamment ceux au cœur de la « mission control » qui est armée 24 heures sur 24, 365 jours par an. Ils savent en temps réel où se trouvent tous les avions de transport des sept nations unies.

Quels sont les prochains événements majeurs ?

Il y a tout d’abord « Pacific Sky 2024 », un exercice d’ampleur qui verra le déploiement conjoint entre alliés de nombreux moyens sur la façade du Pacifique, depuis l’Europe… Et où tout sera planifié depuis notre centre de commandement.

Nous développons également l’EATC’s Lighthouse Project, qui mutualisera les connaissances et les normes de chacun pour faciliter le travail et la flexibilité. Véritable projet phare de cette prochaine année, il renforcera notre capacité à faire réparer des avions d’une nation par des mécaniciens et une équipe technique qui appartiennent à une autre.