Rencontre avec l’équipe de France militaire de rugby

C’était il y a un mois, le 10 septembre 2023, l’équipe de France militaire de rugby était sacrée championne du monde face aux doubles tenants du titre, les Fidjiens. Un match haletant, qui a failli échapper aux Français, alors qu’ils couraient après le score dans les premières minutes de la rencontre. « Nous étions menés de 11 points et c’était la première fois que nous avions un tel retard à la mi-temps. Pourtant, dans le comportement des joueurs, j’avais l’impression qu’on menait. On était tous avec le sourire et l’envie de retourner sur le terrain, comme si c’était nous qui menions. Le discours de l’entraîneur a principalement été : “Si on fait ça, on va gagner, ne vous inquiétez pas !” », raconte l’aviateur Baptiste. 

Après une fin de rencontre exceptionnelle et une pénalité inscrite dans les dernières minutes du temps réglementaire par Romain Lombard (réserviste au sein de la Marine nationale), l’équipe de France militaire finira par s’imposer 25 à 23 après prolongation. Un premier titre mondial synonyme de grande fierté pour les rugbymans engagés dans la compétition. Pour l’adjudant Antoine, entraîneur du XV de rugby militaire, la France doit sa victoire notamment à son public. « Nous sommes tombés face à une équipe qui était très solide et il a fallu aller chercher très loin. Mais nous avions le public derrière nous. Quand cela se joue sur une pénalité, après deux fois dix minutes de prolongation, la pièce peut tomber d’un côté comme de l’autre. Et elle est tombée de notre côté parce qu’on avait un supplément d’âme, c’était en France et on avait notre public. »

Une compétition se déroulant en France, avec une atmosphère toute particulière

La quatrième édition de la Coupe du monde de rugby militaire se déroulait sur le sol français, en Bretagne. Une localisation spéciale pour l’aviateur Yoann, originaire de la région. « Cette compétition avait un goût tout particulier étant donné que je suis Breton. C’était hyper intéressant d’avoir toute ma famille là-bas. Mon club formateur, c’est Vannes, ville où s’est déroulée la finale. Pour moi, il y avait une atmosphère spéciale, mes parents ne m’avaient jamais vu en tenue militaire. » Une ambiance et une ferveur ressentie par l’ensemble du groupe France, comme l’atteste le caporal Tristan : « C’est toujours plaisant de jouer pour son pays, dans son pays. L’ambiance était incroyable, on ne pensait pas qu’il y aurait une telle ferveur. Les Bretons nous ont montré que la Bretagne est aussi une terre de rugby. »

Pris par l’enjeu de la compétition mais aussi par le niveau des rugbymans militaires français, le public n’a pas hésité à se rendre dans les stades pour encourager les joueurs. À Vannes, où s’est déroulée la finale, c’est même plus de 10 000 personnes qui ont vu nos militaires soulever la coupe. « On s’attendait à avoir du monde mais le scénario, et le fait que les Français soient en finale, a fait que le stade s’est encore plus rempli. Quelques jours avant il y avait 6 000 places en prévente, et du fait que les Français soient là, les gens se sont déplacés », explique l’adjudant-chef Jérôme.

« L’objectif maintenant c’est de rester champion »

Un parcours sans faute pour les rugbymans de l’armée française qui ont tour à tour éliminé parmi les meilleures équipes de la planète telles que l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore les Fidji, doubles tenants du titre. Un premier titre de champion du monde qui vient donc récompenser les efforts fournis par ces militaires au statut de sportif de haut niveau. « Ce qui est vraiment remarquable sur une grosse compétition comme ça, c’est d’être au top niveau. Ils s’investissent beaucoup au boulot pour qu’on les laisse partir sur ce genre de compétition, rappelle l’adjudant-chef Jérôme. Et ils s’investissent deux fois plus en club, à la musculation. Il y a un travail de fond énorme et en plus, il faut rester performant dans la vie professionnelle. Pour une compétition comme celle-ci, c’est près de deux ans de préparation et de sacrifices. »

La mission étant accomplie pour ces sportifs militaires, les yeux sont désormais rivés sur le futur. Après avoir remporté leur première Coupe du monde de rugby militaire à domicile, l’objectif est désormais d’enchaîner, en Australie, lors du prochain mondial. « Être les premiers, ce n’est pas une fin en soi. L’objectif maintenant c’est de le rester. On a gagné la Coupe du monde en France mais va-t-on être capables de faire la même chose à l’étranger ? L’objectif maintenant c’est l’Australie, et maintenir le titre de champion du monde dans quatre ans », projette l’adjudant-chef Mohamed.