K.W Rozanoff devant mystère 4

Parrain de la BA 118

Le colonel K.W Rozanoff

Constantin Rozanoff, dit « Kostia » Rozanoff, naît le 23 août 1905 à Varsovie, alors ville de l’Empire russe, d’une famille aristocrate russe, Il émigre en France avec ses parents, après la révolution soviétique d’octobre 1917. Dix ans plus tard il sera naturalisé Français.

Il intègre en 1925 la prestigieuse École centrale des arts et manufactures à Paris.

En novembre 1928, il effectue son service militaire. Il accomplit une formation d’officier de réserve puis une formation au pilotage à Avord. Il y est breveté pilote militaire le 14 octobre 1929.

Il intègre alors l’École nationale supérieure d’aéronautique dont il sort en 1932 avec un second titre d’ingénieur.

Après un court passage à la 1e Escadre de chasse, il est affecté en avril 1935, avec le grade de capitaine, au Centre d’essais du matériel aérien à Villacoublay.

Désormais pilote militaire d’essais, il vole sur les chasseurs prototypes tels que le MS 406, Bloch 152, Dewoitine 520…

Durant la guerre d’Espagne il est chargé d’évaluer en vol un Messerschmitt 109 et un Heinkel 111, deux avions allemands qui avaient atterri dans les lignes républicaines. A deux reprises durant cette même époque, son parachute lui sauve la vie : lors d’une vrille à plat aux commandes d’un avion Hanriot ; et lors du convoyage d’un Messerschmitt 109, pendant lequel son équipier, un peu trop proche, « broute » avec son hélice l’empennage du chasseur allemand qui devient incontrôlable…

1939, la France entre en guerre. Rozanoff veut combattre. Il est affecté le 14 février 1940 comme commandant en second du Groupe de chasse II/4 (les diables rouges et petits poucets), équipé de Curtiss H-75. Les missions consistent principalement à accompagner des Potez 63 chargés de reconnaissance photographique. Il remporte trois victoires aériennes, avant de devoir organiser le repli jusqu’en Afrique du Nord et la dissolution de son unité le 25 août 1940. Il est désormais affecté à l’état-major de l’Air au Maroc.

Après le débarquement américain du 8 novembre 1942 en AFN, il prend la tête du Groupe de chasse II/5 « La Fayette », premier groupe français à être rééquipé d’avions américains : des Curtiss P-40.

Le 16 juillet 1943, il est nommé commandant du Groupe de chasse II/3 DAUPHINE, équipé de Hurricane, assurant des missions de surveillance maritime…

Fin 1943, le lieutenant-colonel Constantin Rozanoff rejoint la Grande Bretagne pour effectuer un stage de pilote d’essais. Il réalise deux ans plus tard, ses premiers vols sur avion à réaction.

La paix revenue et de retour en France, le colonel Constantin Rozanoff, est chargé de recréer le Centre d’expériences aériennes militaires. Géographiquement très éloignée des frontières de l’Est, disposant d’une longue piste en dur construite par les Allemands, ville à faible densité de population et relief inexistant, autant d’atouts favorables pour choisir la ville de Mont-de-Marsan.

« Travail captivant pour lequel j’étais fier d’avoir été choisi écrira-t-il. Cette existence de bâtisseur au milieu de la forêt de pins me convenait à merveille. »

Il crut qu’avec le CEAM, il allait édifier l’œuvre de sa vie, en fait Mont-de-Marsan ne marquera qu’une courte étape de sa vie. Après dix-huit années de service, il demande à être admis au bénéfice de la loi sur le dégagement des cadres et quitte l’AA le 16 octobre 1946.

Constantin Rozanoff entre aussitôt comme directeur des essais en vol et pilote d’essais à la Société Marcel Dassault. En cinq ans, il fait voler tous les prototypes du constructeur, de l’Ouragan au Mystère IV.

Le 24 février 1954, aux commandes du Mystère IV B, il est le premier pilote français à passer le mur du son en vol horizontal.

Le 3 avril 1954, depuis le centre d’essais en vol de Melun-Villaroche, Constantin Rozanoff doit présenter le Dassault Mystère IV B 01 au ministre britannique de l’Armement et au ministre de la Défense français.

Décidé à démontrer toutes les capacités de l’appareil, le pilote d’essais français prévoit un passage à très basse altitude à la vitesse du son. Il décolle, s’éloigne en prenant de l’altitude et revient vers le terrain en piqué. Il allume la postcombustion au moment où il se retrouve parallèle au sol et règle l’assiette de l’avion avec la commande du trim. Quand il veut compenser une tendance à piquer, la commande se bloque. L’avion continue à piquer, heurte le sol et explose. C’est la fin d’un pilote entré dans la légende.

Il totalisait 5000 heures de vol et avait piloté plus de 200 types d’avions différents.

Le 20 juillet 1985, La base de Mont-de-Marsan prendra le nom de « Base aérienne 118 Colonel Constantin Rozanoff ».