Démonstration aérienne dans le désert du Grand Bara

18/01/2022

Dans le cadre de leur voyage d’études à Djibouti, les auditeurs de l’IHEDN ont assisté le samedi 15 janvier 2022 à une présentation des capacités opérationnelles des forces armées.

Une journée rythmée par des tableaux « Mer », « Terre » et « Air et Espace » qui se sont ainsi succédé. Retour sur le volet aérien de cette immersion au sein des forces armées qui s’est déroulé dans le désert du Grand Bara.

 

Désert du Grand Bara, Djibouti. Le Grand Bara est une vaste zone désertique, au sol craquelé par la rigueur du climat. Un lieu idéal et inhospitalier similaire à ce que les forces armées rencontrent sur les théâtres d’opérations où elles sont engagées. « Vous allez assister sur votre gauche au survol d’un dispositif aérien composé d’un avion ravitailleur A330 Phénix, suivi par deux Rafale, deux Mirage 2000 D et deux Mirage 2000-5 », annonce le colonel Olivier Saunier, commandant la base aérienne (BA) 188 de Djibouti, assurant le commentaire de la démonstration aérienne. Une poignée de minutes avant l’heure dorée qui, en cette période de l’année, s’installe aux alentours de 17h30, les quelque 200 personnes scrutent le ciel afin d’apercevoir les aéronefs du tableau concocté par les Aviateurs de la BA 188 en collaboration avec ceux des escadrons de métropole venus spécialement pour la mission Khamsin. Les auditeurs de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) (voir encadré) sont aux premières loges. Les yeux les plus affûtés détectent les avions qui commencent à peine à poindre à l’horizon. Du doigt, ils indiquent la localisation de l’A330 Phénix de la 31e escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique et des six avions de chasse au plus grand plaisir de ceux qui ne les avaient pas encore vus. Ces aéronefs illustrent parfaitement le premier tableau d’une campagne aérienne : la projection de puissance pour une capacité d’entrée en premier.

 

Une symphonie aérienne savamment orchestrée

Parfaitement synchronisée avec une précision d’horloger, la démonstration aérienne d’une quarantaine de minutes dévoile les différentes phases d’une campagne aérienne. Entrée en premier, projection de puissance, projection de force, renseignement, acquisition de la supériorité aérienne, infiltration de commandos par hélicoptère et par avion de transport tactique, appui feu, combat terrestre, évacuation de blessés, retrait de la force et exfiltration des commandos puis désengagement de l'ensemble. Tout est mis en œuvre pour tenir le public en haleine. Un « Show of Force », passage à très basse altitude et à grande vitesse, d’une patrouille de Mirage 2000 D de la 3e escadre de chasse de Nancy surprend les auditeurs. Croisement, poursuite, interception… Les regards s’écarquillent devant le combat aérien entre deux Mirage 2000-5, un de l’escadron de chasse 3/11 « Corse » de Djibouti et un de la 2e escadre de chasse de Luxeuil, opposés à deux Rafale de la 4e escadre de chasse. D’aucuns retiennent leur souffle lors du poser d’assaut d’un Casa CN-235 de l’escadron de transport 88 (ET 88) « Larzac » et d’un C-130 Hercules de l’United States Marine Corps. D’autres sont admiratifs devant l’extraction par grappe de commandos marine par un Puma de l’ET 88.

 

Des moyens interarmées et interalliés                       

« Plus qu’une démonstration, il s’agit d’un véritable entraînement, indique le lieutenant-colonel Clément, directeur de l’exercice “IHEDN”. Nous nous sommes coordonnés avec les Aviateurs de la mission Khamsin pour élaborer les touches finales de la manœuvre aérienne. »  En effet, pour un scénario représentatif des réalités opérationnelles, la base aérienne 188 a mis à contribution des forces « extérieures ». En premier lieu, les moyens de Khamsin, des avions du Commandement des forces aériennes (CFA) et du Commandement des forces aériennes stratégiques (CFAS) ont été intégrés à cette démonstration de savoir-faire des armées. « Notre participation est une parfaite illustration de l’optimisation des moyens afin de conjuguer les objectifs de préparation opérationnelle (Khamsin), de rayonnement (IHEDN) et d’appui aux partenaires étrangers (FFDJ) », souligne le lieutenant-colonel

À l’instar des tableaux « Mer » et « Terre », se déroulant respectivement sur le site d’Arta et sur celui de Koron, le volet « Air et Espace » est interarmées et international. Ainsi, ce tableau voit la participation de commandos de la Marine nationale, d’hélicoptères de l'aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) et d'un C-130 de l'US Marine Corps américain, stationné à Djibouti, engagé pour la première fois dans le cadre de cette démonstration.

 

IHEDN 2022 : des améliorations au programme

L’intégration d’un avion de transport tactique américain à la campagne aérienne jouée pour l’IHEDN est une nouveauté qui illustre bien les relations de coopération dont bénéficient les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ). De même, la première participation du groupe régional d’intervention Nedex (neutralisation, enlèvement et destruction d’explosifs) assure une meilleure immersion du public dans l’environnement opérationnel. Des explosifs synchronisés avec la passe de tir simulée d’un avion de chasse ont un effet des plus réalistes.   

Nouveauté 2022, la touche finale du tableau Air se veut une incarnation du lien et de la continuité qui existe entre le milieu aérien et le milieu spatial. Une continuité illustrée par le nouveau nom de l’armée de l’Air et de l’Espace. Dans ses commentaires, le colonel Olivier Saunier explique l’importance du domaine spatial. Ainsi, l’acquisition du renseignement est réalisée à la fois par le biais d’aéronefs ou via des satellites d’écoute ou d'observation. Aujourd’hui, Les capacités spatiales sont essentielles aux opérations. Le positionnement et la navigation, l'écoute, l'observation ainsi que la communication sont autant de domaines indispensables aux opérations. « Visuellement, nous avons illustré ce lien lors du dernier tableau, conclut le commandant de la base aérienne. Nous avons fait défiler les avions de chasse devant le public avant un éclatement final en montée de haute performance. »

18h03, le soleil se couche sur le Grand Bara, sur la droite du public. Il dessine à l’horizon des nuances orangées. Semblant sortir du disque solaire, huit avions de chasse volent vers le public. La lumière est comme tamisée pour mettre en relief cet instant. Parvenus au niveau des tribunes, le leader de la patrouille annonce : « Pour la PC, top ! ». Comme un seul homme, les Aviateurs enclenchent la Post Combustion (PC) pour un éclatement final dans une manœuvre verticale dite montée mexicaine. Des dards lumineux apparaissent au niveau des réacteurs. Avec la tombée de la nuit, les avions disparaissent peu à peu et seuls les dards restent visibles comme autant d’étoiles. Conquis, le public applaudit cette dernière image symbolisant la montée en puissance pour l’armée de l’Air et de l’Espace du domaine spatial.

Avions de transport tactique français et américain.

Posé d'assault d'un C-130 de l'US Marine Corps.

Survol d'un A330 Phénix et d'avions de chasse.

Deux puma de l'ET déposent des fusillers commandos marine.

Dans le cadre de leur voyage d’études à Djibouti, les auditeurs de l’IHEDN ont assisté le samedi 15 janvier 2022 à une présentation des capacités opérationnelles des forces armées. Une journée rythmée par des tableaux Marine, Terre et Air qui se sont ainsi succédé.

 

L’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) est un établissement placé sous la tutelle du Premier ministre et installé à l’École militaire (Paris). Il rassemble chaque année des hauts responsables de la société civile auxquels se rajoutent des militaires à haut potentiel. À l’instar des années précédentes, environ 170 auditeurs sont venus à Djibouti afin de mieux appréhender les enjeux dans cette zone d’intérêt de la corne de l’Afrique. Leur séjour est agrémenté de conférences, de visites et d’une journée de démonstration dynamique concoctée par les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ).

Le thème de cette année est la « Résilience ». L'objectif est de faire ressentir aux auditeurs, à l'occasion de 24 heures d'immersion au sein des FFDJ, la vie d'un soldat, d'un marin et d'un aviateur sur un théâtre d’opérations.

Dans ce contexte opérationnel, ils sont amenés à vivre une expérience de transport par voie maritime, de débarquement et d'opérations amphibies organisée par la Marine nationale au niveau du centre d’entraînement commando de l’armée de Terre d'Arta-plage. Pour ce volet Marine, de nombreux moyens sont déployés. Des bâtiments et des aéronefs de patrouille maritime, un avion de transport Casa pour larguer des parachutistes commandos marine et un appui aérien à l'aide de Mirage 2000 et de Rafale.

À l'issue de cette séquence interarmées à connotation amphibie, les auditeurs enchaînent avec un convoi routier qui les achemine sur le champ de tir de Koron. Ils assistent alors au deuxième tableau interarmées à dominante aéroterrestre. Des manœuvres tactiques sont coordonnées par le 5e régiment interarmes d'outre-mer. Ils ont mis en œuvre des véhicules à l’avant blindé, des chars AMX 10 RC, des hélicoptères de combat et de manœuvre (Gazelle et Puma), des Hummer et des pièces d’artillerie. Les opérations terrestres sont menées en coopération avec les forces armées djiboutiennes. L'armée de l'Air et de l'Espace est également présente avec des appuis aériens de Mirage 2000-5 et de Rafale. Les avions de chasse ont pu réaliser un tir de bombe MK82 ainsi qu’un tir canon. C’est une première pour la présentation IHEDN.

Le tableau Terre achevé, les auditeurs reprennent le convoi routier militaire pour se rendre sur le désert du Grand Bara pour à un troisième tableau interarmées, mais cette fois-ci à dominante aérienne.

Pendant près de 40 minutes, un ensemble de capacités indispensables aux opérations interarmées sont présentées pour le tableau « Air et Espace ». Cette démonstration dynamique est représentative d’une campagne aérienne. La présence des moyens déployés depuis la métropole pour la mission Khamsin vient renforcer les forces de l’armée de l’Air et de l’Espace prépositionnées aux FFDJ. Pour optimiser les effets, une présence alliée (avion de transport tactique de l’US Marine Corps) et un apport interarmées (commandos marine et hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre) sont intégrés à cette présentation.

Avec ces trois tableaux interarmées à dominante maritime, terrestre ou aérienne, les auditeurs de l’IHEDN ont pu bénéficier d’une vue complète des capacités des forces armées.