Marcel Berthomé, grand officier de la Légion d’honneur : symbole et héritage

À l’aube de ses 101 ans, Marcel Berthomé s’est vu remettre l'une des plus honorifiques distinctions par le général d'armée aérienne Vincent Lanata, grand-croix de la Légion d'honneur. C’est donc une cérémonie haute en couleur et en symboles, présidée par le général de corps aérien Laurent Lherbette, commandant des forces aériennes et officier général de la zone de défense (OGZD) sud-ouest, qui s'est déroulée sur la base aérienne (BA) 106 de Bordeaux-Mérignac.

Une carrière exemplaire

Cette cérémonie était ainsi l'occasion de mettre à l'honneur sa carrière militaire exemplaire, durant laquelle il s'est illustré à plusieurs reprises, notamment lors de conflits qui ont marqué l'histoire de notre pays.

Marcel Berthomé est né le 4 avril 1922 à Saint-Médard-de-Guizières. Alors qu'il est voué à une carrière d'ingénieur, il apprend l'ouverture de l'École de l'air en 1934. Affirmant à ses parents « moi je veux voler ! », il décide alors de s'inscrire au concours de l’École technique de l’air à Rochefort. En 1939, il commence son instruction militaire et professionnelle sur la base école 721 de Rochefort à l’issue de laquelle, en 1940, il est breveté mécanicien radiotélégraphiste.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Marcel Berthomé occupe un rôle décisif au sein de l’unité de commandement des forces de bombardement de la Royal Air Force, la Bomber command. Il rejoint alors, en 1944, le Squadron 347 « Tunisie » en tant que radionavigant sur Halifax. À ce titre, il accomplit 38 missions de bombardement sur l’Allemagne nazie.

Les groupes de bombardement de la France libre, appelés les « Groupes Lourds », se posent sur la BA 106 le 20 octobre 1945 après des mois de lutte contre l’ennemi. Plus de 75 ans après leur arrivée sur la base, les militaires sont fiers de rendre hommage chaque année à ces héros de la Seconde Guerre mondiale. Parmi les 2 300 aviateurs qui ont servi au sein des « Groupes Lourds », Monsieur Berthomé est l’un des derniers encore en vie.

Pendant la guerre d’Indochine, il participe à 40 missions de parachutage et notamment à la célèbre bataille de Diên-Biên-Phu. Marcel Berthomé est également engagé pendant le conflit algérien.

Totalisant plus de 7 500 heures de vol, il quitte l’institution en 1979, au grade de commandant de réserve, après 29 années au service de la France.

De symbole en symbole

À l’image du respect et de l'admiration que l'ensemble des Aviateurs de la BA 106 lui porte, civils et militaires ont répondu présents en nombre lors de cette cérémonie.

Ainsi, une délégation d’élèves sous-officiers de l’École de formation de sous-officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace (EFSOAAE) de Rochefort était présente, un clin d'œil au passage de Monsieur Berthomé, lui aussi de passage à Rochefort lors de sa formation militaire.

Des élèves du lycée Gustave Eiffel ont également fait le déplacement. Anciennement « École de commerce et d’industrie » de Bordeaux, Marcel Berthomé y passait son concours d’entrée pour l’école d’ingénieur en 1933.

Étaient aussi présents près de 30 porte-drapeaux, des représentants de l'association des anciens et amis des « Groupes Lourds », de la société des membres de la Légion d’honneur (SMLH) et de l’Association nationale des officiers de réserve de l’armée de l’Air et de l’Espace (ANORAAE) ainsi que de nombreux élus locaux.

Pour l'occasion, la Musique des forces aériennes (MFA), ambassadrice de l'armée de l'Air et de l'Espace, était aussi présente. Elle a clôturé la cérémonie avec Moonlight Serenade, un morceau typique de l'Angleterre de 1940, en référence aux années de service de Marcel Berthomé au sein des « Groupes Lourds » basés à Elvington. Un défilé des troupes à pied a clôturé la cérémonie, survolé par deux Rafale de la 30e escadre de chasse de la BA 118 de Mont-de-Marsan.

 

« Un homme dont nous avons tous à apprendre »

Militaire, décoré à plusieurs reprises, doyen des maires de France… Beaucoup évoquent la carrière aux multiples facettes de Marcel Berthomé, mais tous se rejoignent autour d’une certitude : chacune sera marquée par l’audace, la fidélité et la singularité d’un grand homme que l’âge semble aujourd’hui survoler sans jamais le toucher.

Le colonel Ludovic Louriou, commandant la BA 106, était naturellement ravi d'organiser cette cérémonie, symbolique à de nombreux égards. Pour lui, nul doute, c’est « un homme dont nous avons tous à apprendre ». Le désir ardent de transmettre qu’éprouve Monsieur Berthomé témoigne bel et bien de cette croyance. En effet, à chacune de ses prises de parole, notamment lors de cérémonies militaires, il raconte aux jeunes générations ses récits de guerre, les apprentissages qu’il en a tiré mais également l’importance de ses valeurs militaires et humaines.

C’est à la fois parce que ses états de service forcent l'admiration, mais aussi parce que l’homme impressionne, de par son humilité, son calme et sa loyauté envers l’institution militaire, que tous, jeunes et moins jeunes, militaires et civils, passionnés et curieux, ont souhaité vivre ce moment à ses côtés.

 

Le devoir de mémoire

La BA 106 s’efforce au quotidien de partager, de transmettre et d’honorer la carrière de Monsieur Berthomé. Ainsi, la base avait participé à la cérémonie en l’honneur de son 100e anniversaire organisée sur la commune de Saint-Médard-de-Guizières, en avril 2022, un véritable moment de rencontre intergénérationnel.

Les rencontres se sont depuis succédé entre la BA 106 et Monsieur Berthomé, scellant toujours un peu plus les liens entretenus depuis le retour des « Groupes Lourds » sur cette base au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Ce 14 mars, son empreinte s’est encore davantage ancrée à la base puisqu’il a inauguré, en présence de sa famille et du colonel Louriou, le parvis « Marcel Berthomé ».

Nous avons tous, civils et militaires, la responsabilité de préserver et transmettre le devoir de mémoire pour ne pas oublier les sacrifices des militaires lors de notre histoire. À travers la France, des lieux de commémoration répondent à ce devoir.