Pegase 23 : de l’exercice au réel, mission de recherche dans le Pacifique

12/07/2023

Le 10 juillet 2023, vers 19h, l’A400M du commandant Ronan a décollé pour une mission de recherche et de sauvetage (SAR, search and rescue) au large de l’île de Guam.

Il est 18h30, les trois brancards sont fixés au sol de l’avion, les équipes médicales américaines et britanniques ont déroulé le scénario d’évacuation médicale de l’exercice auquel prend part l’A400M de la mission Pegase 23.

Alors que les dernières sangles sont en train d’être ajustées dans la soute, le commandant de bord, le commandant Ronan, reçoit une Urgent Marine Information Broadcast des U.S. Coast Guard Forces Micronesia dans le cockpit, un bateau est à la dérive à l’ouest de l’île de Rota. L’annonce retentit à l’arrière de l’avion : « Fin de l’exercice MEDEVAC. Débarquement de tous les passagers. Départ imminent pour une mission SAR. » Il faudra moins de dix minutes aux loadmasters pour décharger l’avion et se mettre en condition pour une la mission de recherche au-dessus de l’océan Pacifique, alors que la nuit tombe.

18h50, l’avion est au roulage et quittera le sol peu avant 19h00.

La chaine SAR est en place près de la porte latérale, les deux loadmasters s’équipent de leurs jumelles de vision nocturne (JVN), s’harnachent et se tiennent prêts à ouvrir les portes de chaque côté de la soute.

L’avion entame sa trajectoire de recherche dans une zone de 70Nm par 25Nm. Portes latérales ouvertes, les yeux des loadmasters et des pilotes depuis le cockpit balayent les eaux dans l’obscurité tombante. 20 minutes se passent avant qu’un bateau soit repéré. Le commandant Ronan procède alors à l’identification par radio et signalement lumineux. « Vessel Horizon, this is aircraft CARVEX 55, please confirm that you have my aircraft in sight. We are currently orbiting above your position. » C’est le bon bateau, le skipper confirme voir les signaux lumineux des phares d’atterrissage de l’A400M et l’entend au-dessus de lui. Une panne de moteur le condamnait à dériver, avec onze personnes à son bord et la batterie pour seule alimentation.

Vue du cockpit d'un avion de transport A400M au large de Guam
Vue du cockpit d'un avion de transport A400M au large de l'île de Guam pour une mission SAR

La décision est prise de ne pas larguer de chaine SAR, les passagers sont saufs, le bateau ne risque pas de couler et l’équipage ne perd pas de vue la coque à la dérive. L’A400M se met en position au-dessus du bateau en détresse, à 500 pieds d’altitude et évolue en hippodromes de façon à garder le visuel pour guider l’équipe de secours du Department of Public Safety, déjà en route. 

La mer est agitée, les vents forts ne sont pas favorables, le Coast Guard Cutter qui annonçait quelques minutes pour rejoindre le point, n’arrive pas et finit par faire demi-tour tant les conditions sont difficiles. Le délai s’allongeant, les moyens civiles et militaires américains se réorganisent tandis que l’A400M maintient inlassablement sa position au-dessus du bateau.

L’A400M et son équipage a maintenu le visuel pendant cinq heures, avant d’être relevés, à moins d’une heure du bingo pétrole, par un HC-130 de la Royal Canadian Air Force, également présent à Guam dans le cadre de l’exercice Mobility Guardian 23

Lorsque l’A400M a quitté la position, aux alentours de minuit, les onze personnes étaient toujours sauves, et un hélicoptère MH-60 Nighthawk de la U.S. Navy était en route pour les secourir dans l’heure. 

À la descente de l’avion, le commandant Ronan, bien éprouvé par les longues heures de vol en basse altitude et de surveillance sous JVN, se confie : « C’est dans ces moments que la mission prend tout son sens. Grâce à l’A400M, on a pu localiser le bateau en un temps record. » « À la radio, on sentait que la présence de l’avion au-dessus d’eux rassurait les passagers du bateau », raconte le lieutenant Felix, co-pilote sur la mission. « On partait pour un exercice d’entrainement avec les partenaires, et on a fini par porter secours à de vraies personnes. »

Au bilan de cette longue journée, la coopération travaillée depuis l’arrivée des Aviateurs de la mission Pegase 23 à Guam s’est matérialisée par le sauvetage de onze personnes par le concours des moyens civils et militaires, américains, français et canadiens.