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CERES : une nouvelle capacité militaire mise sur orbite

16/11/2021

Mardi 16 novembre 2021, la fusée Véga a mis en orbite le système militaire de satellite CERES depuis la base de lancement du Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou. 

Il est 6h27 très précise (heure de Guyane) quand le décompte final permet de lancer la fusée Véga 20 depuis le pas de tir de Kourou. Depuis la salle Jupiter du Centre spatial guyanais (CSG), tous les regards sont rivés vers les écrans affichant l’évolution de la fusée. À quelques 20 kilomètres de là, depuis le centre de contrôle militaire de la base aérienne 367 « capitaine François Massé » en Guyane, la haute autorité de défense aérienne (HADA) coordonne les moyens aériens qui survolent la zone. Ils sont prêts à intervenir en cas d’intrusion. « Pour ce lancement sensible, nous avons mis en place l’opération Bubo 2021 avec un renfort de moyens aériens qui consolide le dispositif permanent guyanais, explique le colonel Olivier Fleury, commandant la base aérienne 367 « Capitaine François Massé » et HADA en Guyane. Les Aviateurs portent une attention toute particulière pendant les cinq heures de vulnérabilité des opérations de lancement du lanceur Véga. »

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Lancement du satellite CERES

Un dispositif bien rodé

En Guyane, la protection de l’espace aérien est une mission permanente conduite par les moyens de la base aérienne. Le socle de cette protection est constitué de radars exploités par le Centre de contrôle militaire (CCM). Ils détectent tout aéronef qui pénètrerait dans la zone interdite au-dessus du Centre spatial guyanais. Des hélicoptères Fennec de l’escadron de transport 68 « Antilles Guyane » avec des tireurs embarqués sont en mesure d'intervenir rapidement auprès d'un aéronef.

Lors d’un lancement sensible comme celui de CERES, des moyens aériens complémentaires sont déployés depuis la métropole. Pour Bubo 2021, un système de détection et de contrôle aéroportés Awacs complète l'appréciation de l'espace aérien. Intégré dans la chaîne C2 avec le CCM, il permet également de contrôler l’ensemble des moyens aériens. Trois Rafale de la 30e escadre de chasse de Mont-de-Marsan ont également décollé de la base aérienne guyanaise pour patrouiller au-dessus du territoire. Ils sont adaptés pour traiter des menaces qui arriveraient à grande vitesse. Un avion ravitailleur C-135 a été mis en place pour permettre au dispositif aérien d'être maintenu dans la durée.

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Lancement du satellite CERES

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Lancement du satellite CERES

Lancement du satellite CERES

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Lancement du satellite CERES

Un succès collectif

CERES est l’aboutissement d’un travail collectif entre les industriels (Thalès et Airbus Defense and Space), le Centre national d’études spatiales (CNES), Ariane Espace, la Direction générale de l’armement (DGA) et l’armée de l’Air et de l’Espace. « Dans ce succès collectif, le Commandement de l’espace (CDE) joue un rôle particulier car c’est lui qui exprime les besoins militaires pour les systèmes spatiaux et qui conduit les programmes en équipe avec la DGA », rappelle le général Michel Friedling, commandant le CDE.

 

De nouvelles capacités de renseignement électromagnétique

 

CERES est la première capacité opérationnelle de renseignement d’origine électromagnétique spatiale. Avec son apport, le renseignement militaire français fait un véritable bond technologique. Il complète les capteurs déjà en service au profit du renseignement. « Nous avons maintenant une nouvelle capacité qui va nous permettre en permanence d’orienter nos « oreilles électromagnétiques » sur l’ensemble des points du globe qui nous intéressent », précise un officier général à la DRM (Direction du renseignement militaire). En effet, capables de localiser et caractériser depuis l’espace les signaux électromagnétiques émis par les systèmes adverses comme les radars, les satellites CERES apporteront aux armées une connaissance plus précise des capacités et des intentions adverses. La réelle plus-value de CERES tient au fait qu’il accède depuis l’espace à des zones géographiques interdites aux capteurs terrestres, maritimes ou aéroportés. « Ce lancement est un double succès, souligne le général Michel Friedling. Tout d’abord, celui des technologies et du savoir-faire français car c’est le premier et l’unique système de renseignement électromagnétique d’origine spatiale en Europe. C’est également un succès opérationnel car il va nous permettre de détecter, de localiser et de caractériser des systèmes qui constituent des menaces pour nos opérations. C’est une véritable aide à la décision politique pour déclencher une opération de niveau stratégique.»

L’espace est en effet l’un des cinq milieux de confrontation avec les milieux aérien, terrestre, maritime et cyber. C’est aujourd’hui, un enjeu stratégique majeur pour les armées françaises..

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Lancement du satellite CERES