L'aspirant Mehdi lors de la remise de son trophée

Rencontre avec l’aspirant Mehdi, exemple d’une reconversion réussie

27/10/2023

Tout juste récompensé lors des Trophées de la reconversion, l’aspirant Mehdi, officier informatique au Commandement de l'espace (CDE), nous a accordé une interview pour nous raconter son parcours.

Après une carrière de cinq ans comme conducteur de train en centre de maintenance au sein de la SNCF, l’aspirant Mehdi a entamé une reconversion professionnelle. Après trois ans de formation en ligne, réalisée en parallèle de son métier dans le civil, l’opportunité d’un poste au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) et, plus précisément, au CDE en tant qu’officier informatique s’est présenté à lui.

En septembre dernier, ces années de travail et de sacrifices ont été récompensées. Lors de la prestigieuse cérémonie des Trophées de la reconversion organisée par Transition Pro Île-de-France, à l'Élysée Biarritz, l’aspirant Mehdi s’est vu remettre le « prix spécial du jury ».

L'aspirant Mehdi lors de la remise de son trophée

Lieutenant, votre engagement est relativement récent, pouvez-vous nous raconter votre parcours avant de rejoindre l’armée de l’AAE et le CDE ?

« Après un baccalauréat professionnel système électronique et numérique, je suis entré en 2016 à la SNCF en tant que conducteur de train en centre de maintenance. Après trois années au sein de l’entreprise, j’ai entamé une reconversion professionnelle avec le dispositif “transition pro”. Ce dernier m’a permis de postuler au concours pour un poste d’officier informatique pour le Commandement de l’espace. Après validation, j’ai pu rejoindre l’École de l’air et de l’espace où j’ai entamé une seconde reconversion d’un milieu civil à un milieu militaire.

Pourquoi opter pour une carrière militaire après avoir commencé en tant que civil ?

Avant d’entrer à la SNCF, j’étais sur le point de m’engager à l’AAE, mais les choses ont fait que j’ai dû repousser cet objectif. Par la suite, ce projet initial de rejoindre l’armée est toujours resté dans un coin de ma tête. J’ai candidaté, pas forcément au CDE, mais à l’AAE en général. Par la suite, le poste de responsable du management de l’information s’est présenté et étant donné qu’il y avait une partie informatique, je me suis dit : “Pourquoi pas.” C’est donc parce que j’ai su saisir cette opportunité que je me retrouve, aujourd’hui, au CDE.

Vous parliez d’un attrait pour l’armée, d’où vient-il selon vous ?

J’ai grandi dans un environnement très militarisé étant donné que mon père ainsi que mon grand-père étaient militaires. J’ai aussi un grand attrait pour le sport, le dépassement de soi et les valeurs militaires. Et ceci, je ne le retrouvais pas forcément dans le civil où on est plus focalisé sur le métier et sa spécialité et moins sur ces aspects-là. C’est ce qui a fait que j’ai candidaté à l’AAE, et aujourd’hui je m’y retrouve dans les valeurs.

Après six ans passés dans une entreprise publique, votre transition vers une carrière militaire a-t-elle été compliquée ?

Au début oui. Quand on fait les premières semaines de formation initiale à l’École de l’air et de l’espace, l’idée c’est de nous faire comprendre l’exigence que nécessite d’être militaire. Mais à la SNCF, il y a beaucoup de procédures et de respect de la réglementation qu’on retrouve aussi à l’armée. Quand on travaille en 3/8 et qu’on marche la nuit à deux heures du matin pour aller récupérer un train, ça peut ressembler aux marches de nuit militaires. Je n’ai pas été complètement dépaysé, j’ai juste eu un temps d’adaptation lors des premières semaines.

Cette transition vers une carrière militaire a-t-elle suscité des craintes au début ?

Des doutes oui, même des peurs et des craintes. Au moment où on vous dit que vous devez tout quitter pour partir quatre mois à Salon-de-Provence en formation, on se demande si c’est vraiment cette voie-là que l’on doit prendre. Il y a aussi les appréhensions de la famille et de ma mère surtout, pour qui un métier militaire était quelque chose de dangereux. Mais mon entourage et mes amis militaires, avec mon père en tête de file, ont été un moteur dans ce choix de direction.

Nous l’avons évoqué, vous venez de recevoir le “ prix spécial du jury ” dans le cadre des Trophées de la reconversion. Cette première récompense un an seulement après votre reconversion nourrit-elle vos ambitions pour la suite ?

C’est le début d’une grande aventure. Ce prix c’est un peu la consécration, même plus que ça, je le vois comme un témoignage pour dire aux gens que c’est possible. C’est la preuve que même si l’on vient d’un milieu ouvrier, on peut, avec de la volonté, du travail et de la confiance en soi, se dépasser et accéder à des opportunités que l’on n’aurait même pas imaginées. Moi, si on m’avait dit que je serais aujourd’hui à l’AAE et plus précisément au CDE, je vous aurais ri au nez et je vous aurai dit : “ J’ai un train à aller conduire. ” Ce prix-là, je le prends très à cœur et si je peux donner de l’espoir aux gens et leur dire que c’est possible, c’est mon but, ma conviction.

Après ce trophée, quelles sont vos ambitions pour le futur ?

J’espère faire une belle carrière. J’ai envie de satisfaire le CDE, réussir ma mission et ce pour quoi j’ai été embauché. Et par la suite, je suis ouvert aux opportunités et voir ce que je peux faire au sein de l’AAE. Je ne voulais pas faire un métier où je suis juste informaticien ou développeur. J’avais envie d’occuper un poste polyvalent. Dans ce cas, il n’y a pas 36 solutions, ce sont surtout les métiers militaires où l’on va plus loin que simplement sa spécialité. Je me suis retrouvé au CDE pour faire de l’informatique et à ce jour j’ai déjà eu l’opportunité de prendre part au Salon du Bourget et prochainement je vais intégrer l’opération Sentinelle, par exemple. Ce sont des choses que je n’aurais jamais pu faire dans le civil. C’est une expérience extraordinaire. »

C’est donc rempli d’ambition que l’aspirant Mehdi continue son parcours au sein du CDE. Après une première récompense, ce dernier ne compte pas s’arrêter là et vise maintenant les Trophées nationaux de la reconversion, qui auront lieu le 16 novembre, à Paris.