Militaires rassemblés pour célébrer le 18 juin 1940

Du 18 juin 1940 jusqu'à aujourd'hui

La coopération franco-britannique pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui.

La coopération franco-britannique pendant la Seconde Guerre mondiale

Une partie de l’histoire et de l’identité de l’AAE sont encore aujourd’hui rattachées au Royaume-Uni. Retour sur ces unités françaises engagées lors de la Seconde Guerre mondiale au sein de la RAF.

Alors que le maréchal Pétain concluait un armistice en juin 1940 mettant fin aux hostilités entre la France et le Reich allemand, certains Aviateurs français, refusant cette défaite, décidèrent progressivement de rejoindre Londres pour former les FAFL (forces aériennes françaises libres), créées officiellement le 8 juillet 1940 par le général de Gaulle. En dépit de leur petit nombre, les équipages des FAFL se caractérisent par une hétérogénéité singulière. Elles se composent de pilotes de chasse, de pilotes, d’observateurs, de navigateurs de bombardement ou encore de radio-mitrailleurs de bombardement. Dès l’été 1941, les FAFL s’organisent à travers la constitution de groupes de chasse (GC) et de groupes de bombardement (GB) intégrés dans un premier temps au sein de la Royal Air Force (RAF). Le colonel Martial Valin, commandant les FAFL, entreprend dès lors de donner un nom de région française à ses escadrons.

À terme, dix escadrons verront le jour sous une structure de la RAF et dans le cadre de l’action effectuée par les FAFL. Deux flottilles de la Marine nationale rejoignent également les forces françaises libres (FFL) durant la Seconde Guerre mondiale.

 

« Île-de-France »

L’escadron « Île-de-France », équipé d’avions de chasse Spitfire, est la première unité FAFL constituée au sein de la RAF, en novembre 1941. Ce groupe de chasse numéro 1 (GC 1), composé à la fois d’Aviateurs et de Marins, porte le nom de Squadron 340. Il compte deux escadrilles, les « Flight A » et « Flight B » selon la dénomination anglaise, baptisées « Paris » et « Versailles ». Le 31 janvier 1942, le capitaine de corvette Philippe de Scitivaux est nommé à la tête du GC 1. Le 10 avril 1942, le Squadron 340 est engagé et connaît son premier combat. Le 19 août de la même année, il participe au débarquement à Dieppe des troupes canadiennes, également appelé opération Jubilee.

En décembre 1942, le Squadron 340 devient une entité exclusivement « air » commandé par le capitaine Schloesing.

À partir de novembre 1943, le volume de ses opérations aériennes augmente considérablement en vue du débarquement. À partir de mars 1944, l'escadron fournit une escorte de chasseurs et effectue des missions de bombardement et de mitraillage à basse altitude, en particulier contre les sites de lancement de missiles V-1 et les différentes lignes de communication. Le 6 juin 1944, il assure la couverture aérienne du débarquement en Normandie puis opère en Belgique et aux Pays-Bas avant d'arriver en Allemagne en avril 1945.

Au total, le GC 1 a effectué plus de 7000 sorties et est honoré de plusieurs distinctions, telles que la Croix de la Libération et la médaille militaire. Le Squadron 3/40 « Île-de-France » est également cité cinq fois à la Croix de guerre 39/45.

 

« Alsace »

Le deuxième groupe de chasse (GC 2) « Alsace » est officiellement recréé, fin janvier 1943, en Angleterre. Appelé Squadron 341 au sein de la RAF, il est commandé par René Mouchotte. À cette période, ce Squadron comporte deux escadrilles, le Flight A « Mulhouse » et le Flight B « Strasbourg ».

Début avril de cette même année, les missions du GC 2 débutent sur la France. Celles-ci consistent à protéger les bombardiers alliés et à combattre les chasseurs allemands. Les équipages du Squadron 341 connaissent, dès la mi-mai, de nombreuses victoires.

Après la disparition du commandant Mouchotte lors d’un combat aérien, le GC « Alsace » passe sous les ordres du commandant Dupérier, ancien chef de l’Ile de France, puis sous ceux du commandant Martell, jadis commandant l’escadrille « Strasbourg ».

Et les missions se poursuivent : dès novembre 1943, une escadre de chasse, nommée « Wing » est créée avec l’autre groupe de chasse des FAFL, le Squadron 340 et l’escadron « Cigogne ». Sweep, escorte de convoi, rhubarb, circus et ramrod sont ses missions quotidiennes.

Le 3/41 « Alsace » reçoit la Croix de la Libération ainsi que la Croix de guerre 39/45.

 

Le « Lorraine »

En avril 1943, le groupe de bombardement « Lorraine » intègre officiellement la RAF sous le nom de Squadron 342 « Lorraine ». Il a mené de nombreux bombardements tactiques sur les infrastructures ennemies qui ont été décisives pour la suite du conflit. Le Squadron « Lorraine » a par ailleurs joué un rôle crucial lors du débarquement de Normandie, à travers l’opération « Smoke screen » qui s’est déroulée le 6 juin 1944, durant laquelle les Aviateurs, à bord des Boston, ont pu ériger un écran de fumée à altitude suffisamment basse pour masquer les flottes alliées et leur permettre de débarquer sur les plages de Normandie.

Le Squadron 342 totalise alors un volume de plus de 3000 sorties et 2500 tonnes de bombes larguées durant la Seconde Guerre mondiale.

Au printemps 1945, le « Lorraine » se voit décerner la Croix de la Libération. Il est également cité sept fois à la Croix de Guerre 39/45.

 

Le « Guyenne » et le « Tunisie »

Ces deux groupes de bombardement lourd, équipés de quadrimoteurs Halifax, deviennent en 1944 les Squadron 346 « Guyenne » et 347 « Tunisie ». Ils sont constitués de plusieurs escadrilles : la BR66 « faucon égyptien » (3e escadrille de l’EC 1/4 « Gascogne » aujourd’hui), la BR129 « lapin trimardeur » (3e escadrille de l’ERVT 1/31 « Bretagne ») d’une part et la 4B3 « hibou » et la 1/25 « bison » (1ère et 2e escadrilles de l’ETR 3/4 « Aquitaine ») d’autre part.

Jules Roy, grand prix de littérature de l’Académie française, et Pierre Gallois, géopoliticien de renom, ont notamment servi au sein de ces escadrons.

L'insigne des groupes lourds

 

Le « Cigognes » et le « Berry »

Les origines du Cigognes et du Berry remontent à la Première Guerre mondiale avec la création de la SPA 3 et de la SPA 103 qui sont, en 1916, rassemblées au sein du groupe de combat n°12 Cigognes. Elles combattent à la bataille de la Somme en 1917 puis plus tard à la bataille de France en 1940 avant de migrer ensemble en Afrique du Nord. Les deux escadrilles sont alors séparées afin de former deux escadrons distincts, le Squadron 329 « Cigognes » et le Squadron 345 « Berry », qui sont rattachés à la RAF en janvier 1944.

Ces deux unités, équipées de Spitfire, effectuent des missions d’appui des troupes et d’attaque au sol, notamment lors des opérations Neptune et Overlord. Elles combattent ainsi jusqu’en novembre 1945 au sein de la RAF.

Les deux escadrilles sont finalement rassemblées au sein de la même unité en 1946, ancêtre de l’actuel escadron de chasse 1/2 « Cigognes », équipé de Mirage 2000-5, qui a depuis accueilli une troisième cigogne avec la SPA 26 Saint-Galmier. En cela, le Squadron 345 « Berry » qui a servi au sein de la RAF n’a donc pas de rapport historique avec le 36e escadron de détection et de contrôle aéroportés « Berry » en activité aujourd’hui.

Jean Accart, qui a notamment écrit Chasseurs du Ciel (1941) et On s’est battu dans le ciel (1942), prend le commandement du « Berry » en 1944.

 

Le « Provence », le « Nice » et le « Corse »

Les GC II/7 « Nice », I/3 « Corse » et I/7 « Provence », créés en 1943 en Afrique du Nord et opérant en zone méditerranéenne, rejoignent la RAF en 1943 sous les dénominations respectives de Squadron 326, 327 et 328. Ces unités ont joué un rôle crucial dans l’histoire de la France. Le 15 août 1944, elles participent au débarquement de Provence.

Ces escadrons occupent également un rôle décisif dans la campagne de Corse et dans la lutte en France contre les forces allemandes, jusqu’à la victoire finale aux côtés de la première armée du général de Lattre de Tassigny.

 

Au total, entre 3000 et 3500 hommes et femmes faisant partie des « Forces françaises libres » seront incorporés aux FAFL. Plus de 650 d’entre eux trouveront la mort et 123 seront portés disparus.

Parmi les équipages des dix escadrons mobilisés au sein des FAFL, plusieurs ont reçu des distinctions. Le Squadron 340 « Île-de-France » compte 22 de ses Aviateurs faits compagnons de la Libération, contre 23 pour le Squadron 341 « Alsace ». Quant au Squadron 342 « Lorraine », plus d’une cinquantaine de ses Aviateurs, dont notamment le capitaine Romain Gary, ont été décorés du titre de « Compagnon de la Libération ».

 

René Mouchotte

René Mouchotte est l’un des premiers Aviateurs français à avoir rejoint l’Angleterre. Le 17 juin 1940, en réponse à l’annonce de l’armistice et à la veille de l’appel du général de Gaulle, il déclare dans ses Carnets : « On voudrait courir, montrer à tous qu’on a encore une force, une énergie pour continuer à combattre. La France doit rester la France, et son cœur bat toujours, malgré ceux qui veulent l'assassiner sans lui permettre de lutter. » Le 13 juillet 1940, après s’être engagé au sein de la RAF, René Mouchotte est affecté au Squadron 645. Quelques mois plus tard, il rejoint le Squadron 615 et prend ainsi part à la fin de la bataille d’Angleterre. Fin 1941, René Mouchotte et Bernard Dupérier servent ensemble au sein du Squadron 340 « Île-de-France ». Après avoir reçu de nombreuses décorations, aussi bien françaises que britanniques, René Mouchotte, alors capitaine, est nommé commandant du Squadron 341 « Alsace ». Il devient le premier étranger à commander un escadron britannique. Le 27 août 1943, au cours d’une mission où il emmène le « Wing », il est le dernier des treize Français ayant pris part à la bataille d’Angleterre à mourir au combat, abattu au-dessus de la Manche par les forces ennemies.

Après la disparition du commandant Mouchotte, le lieutenant-colonel Bernard Dupérier, son compagnon d’armes en Angleterre depuis 1941 au sein du Squadron 615, prend le commandement, en mai 1943, du Squadron 341 « Alsace ». « Mouchotte était « missing ». Mouchotte le sage, le grand pilote adroit et calme, n'était pas revenu. Mais René Mouchotte tombant pour son pays, lui laissait en mourant le meilleur de lui-même. Son esprit demeurait et ceux qu'il avait formés feront payer cher à l'Allemand sa victoire. Peu d'hommes ont su jamais se faire aimer comme il l'était. Sa disparition, ce soir, faisait briller des larmes dans des yeux de soldat. », se souvient le lieutenant-colonel Bernard Dupérier.

Portrait du commandant René Mouchotte