Aviatrices de toutes spécialités devant un aéronef de l'armée de l'Air et de l'Espace

8 mars : journée internationale des droits de la femme

100% des métiers de l'armée de l'Air et de l'Espace sont ouverts aux femmes.

Portrait de la Colonel Nathalie, une pilote d’hélicoptère déterminée

« La communauté des Aviateurs est une grande famille avec laquelle nous évoluons et grandissons ». En l’honneur de la journée de la femme, la Colonel Nathalie nous raconte le soutien de l’armée de l’Air et de l’Espace depuis ses débuts de formation jusqu’ à aujourd’hui.

 

Comment vous êtes-vous engagé dans l’armée de l’AAE ?

Issue d’une famille de militaire, je suis partie étudier au lycée militaire navale de Brest et j’ai découvert mon attrait pour les métiers de l’aéronautique lors d’une journée portes ouvertes. Une exposition statique avec différentes machines et militaires avait lieu. A la suite de cet événement j’ai décidé de m’engager dans l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE).

 

Quel a été votre parcours au sein de l’AAE ?

En 1999 je suis entrée à l’école de l’Air à Salon-de-Provence pour devenir pilote d’hélicoptère. Dans ma promotion à l’École de de l’Air, nous étions douze femmes, dont quatre pilotes navigantes. Deux sont devenues pilote de transport, un navigateur et moi-même pilote d’hélicoptère. Tout au long de ma carrière j’ai constaté que les escadrons d’hélicoptères comptaient un certain nombre d’Aviatrices, trois ou quatre sur un total de vingt-cinq pilotes.

Après ma formation à l’école de l’Air puis en interarmées, j’ai été affectée pendant trois ans sur la base aérienne 107 de Villacoublay. J’effectuais la permanence opérationnelle sur Fennec : cette mission consiste à protéger les Français de toutes menaces aériennes par une surveillance continue de toutes intrusions dans le ciel français. Nous devions dormir sur base lorsque nous étions d’astreinte. Je participais aussi à la mission de recherche et de sauvetage. J’étais également déployée au sein des détachements hélicoptères en Afrique.

Ces premières expériences m’ont permises de grandir en tant que jeune pilote et de prendre avec assurance ma prochaine fonction d’instructeur à Metz. Monitrice pour trois ans à l’école de formation des pilotes d’hélicoptères, je me suis trouvée très nouvelle dans le métier car je devais déjà transmettre mon savoir à de jeunes pilotes. C’était une très belle expérience avec une grande part de remise en question, je souhaitais enseigner le meilleur et me sentir légitime dans ce rôle. Aujourd’hui je suis fière de pouvoir dire que j’ai connu tous les « jeunes d’après ». C’est à cette époque de ma carrière que j’ai eu mes deux enfants.

La Guyane fut mon affectation suivante. J’ai été chef des opérations, soit numéro trois de l’escadron. Cela m’a permis de me qualifier sur un nouvel aéronef, le Puma. Ce sont mes plus belles années professionnellement. En tant que pilote d’hélicoptère j’ai effectué des rencontres inoubliables et des missions incroyables : du sauvetage, des évacuations sanitaires en forêt, des déposes de troupes et de la protection spatiale. Dans ces moments, les vols sont tous uniques et l’expérience humaine et opérationnelle est très enrichissantes.

A la fin du séjour en Guyane, je suis revenue en métropole à Orange où j’ai commandé le centre de formation des pilotes d’hélicoptères. C’est à cette période que j’ai fermé ma parenthèse opérationnelle et que je suis partie une année à l’école de guerre sur Paris. Après cette transition j’ai été affectée en état-major et chargée des programmes hélicoptères.

Aujourd’hui et depuis deux ans, je suis chef du pôle création à la délégation à l’information et à la communication de la Défense (DICOD). Je supervise la réalisation du journal de la défense et les réseaux sociaux du ministère des armées. Je suis à la tête d’une équipe composée de militaires des différents corps d’armées ainsi que de civils. Je « pilote » ainsi un pôle et des projets. Le milieu dans lequel je travaille n’est plus aussi militarisé que ce que j’ai pu connaître dans mon parcours. Les personnes sous ma responsabilité sont des personnes engagées et qui ont une expertise dans des domaines que je ne maitrise pas toujours, c’est très enrichissant professionnellement. J’ai toujours évolué dans des environnements avec une légitimité technique, à la DICOD j’ai beaucoup appris et je me suis adaptée. J’ai inculqué les valeurs militaires que j’ai connu en équipage : l’organisation, la cohésion et l’esprit d’équipe. Mon rôle au sein du pôle création est d’encadrer les équipes et de faire en sorte que tout se déroule au mieux pour que les gens effectuent leur mission sereinement.  

 

Quelle a été votre source d’inspiration ?

Jeune Aviatrice j’ai eu deux commandants d’unité et d’escadrons qui m’ont donné envie d’être comme eux. Quand nous sommes Lieutenant, la montée en responsabilité peut apporter quelques incertitudes. J’ai eu la chance d’avoir deux chefs extraordinaires. Ils ont été mes modèles. C’étaient des pilotes d’hélicoptères très humains, des commandants charismatiques qui nous ont mis en confiance et aider à grandir. A chaque prise de poste, je me rappelais « souviens-toi de ces bons exemples que tu as eu ».

 

Quel est votre meilleur souvenir ?

Ma mission en Guyane était exceptionnelle, exigeante et atypique. J’ai deux souvenirs marquant sur cette période.

Lorsque nous allions récupérer en hélicoptère les soldats laissés sur le terrain pendant plusieurs semaines. Ces derniers me témoignaient toujours leur gratitude. Ils me laissaient un tube de rouge à lèvre ou des petits cailloux dans mon sac à casque : c’étaient de petits présents trouvés sur place faisant office de remerciements. L’esprit d’équipe et les rencontres que ces moments m’ont apportés sont inoubliables.

Les tirs-fusée du centre spatiale de Kourou étaient également mémorables. Lors de la protection du site, nous étions en vol pendant ces tirs. Je me sentais privilégier, nous étions dans la bulle de protection, donc à proximité, encore plus qu’au sol lorsque j’y assistais avec ma famille. De nuit c’est incroyable ! Ces moments silencieux avec les troupes d’élite à l’arrière de l’hélicoptère, en même temps que la radio effectuait le décompte, nous plongeait dans une sensation de vécu unique et intense. Pendant mes trois ans d’affectation en Guyane, j’ai eu l’occasion d’assister à une douzaine de tirs. Chacun m’impressionnait toujours autant !

Si je devais résumer mes plus beaux souvenirs de parcours au sein de l’AAE, ce serait le lien entre les différentes spécialités et les relations de terrain qui se créent lors des missions.

 

Est-ce difficile d’être une femme pilote ?

Petite j’avais autant d’amis filles que garçons. Évoluer dans un environnement militaire à majorité masculine n’a jamais été un frein pour moi, j’ai toujours été à l‘aise. J’ai toujours aimé garder et assumer ma féminité. Le cliché qui vient souvent à l’esprit lorsque nous nous présentons comme femme militaire est celui du garçon manqué. Toutes les femmes pilotes et Aviatrices que je connais démentiront ce préjugé et elles en sont la preuve.

Lorsque j’étais instructeur, je n’ai jamais entendu parler de différences ou de difficultés pour une femme pilote. Sous le casque de vol être une femme ou un homme ne changeait rien, il fallait être légitime dans la technique. Nous devions être experte aussi bien en vol qu’en formation.

Avec l’arrivée de nouvelles responsabilités, le rôle prime sur la fonction, si le Lieutenant était commandant de bord dans l’aéronef, le respect lui était attribué au même titre que s’il était un Capitaine commandant de bord. Et peu importe qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme.

 

Qu’apporte une femme dans l’AAE ?

Être Aviatrice c’est savoir faire preuve de pragmatisme et d’écoute. Lorsqu’il est nécessaire, que les responsabilités et les situations le demandent : la prise des décisions est indispensable et légitime.

En tant que femme pilote j’ai appris à assumer mes erreurs et apprendre de celles-ci. L’humilité du pilote est essentielle, accepter que nous ne puissions pas tout savoir nous aide à progresser.

Les gens osent moins d’exubérance devant une femme et le respect est toujours très présent peu importe le grade. Vous êtes aussi légitime qu’un homme, si vous avez les qualifications.

Il ne faut pas oublier que nous sommes Aviatrices grâce à notre expertise et la réussite des concours et des qualifications.

 

Un dernier mot : Que souhaiteriez-vous dire à une future ou jeune Aviatrice ?

La motivation et la détermination sont les clés de la réussite.

« Si tu en as envie, fais-le ! Ne réfléchis pas, fonce ! » 

L’armée de l’Air et de l’Espace nous fait confiance, elle met ses Aviatrices sur des postes importants : commandant de bord, instructeur, référente de projets, responsable dans des domaines parfois éloignés de notre expertise… C’est notre capacité d’adaptation qui nous aide à relever ces défis et contribuer à la fierté de notre armée.

 

La Colonel Nathalie, pilote d'hélicoptère