Sur le terrain, la mission du THP est d'ouvrir, appuyer ou couvrir la progression d'un groupe.

CPA n°10 : rencontre avec un tireur haute précision

25/08/2021

Engagé au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) depuis 23 ans, Paul est tireur haute précision au sein du commando parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10). Rencontre.
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Le THP est capable de s'adapter à son environnement.

« La précision est l’essence même du THP, il va toujours chercher à mieux faire. Je m’appelle Paul et je suis tireur haute précision au sein du commando parachutiste de l’air n°10. La précision, c’est ce que je recherche depuis que je me suis engagé il y a 23 ans. J'ai commencé dans l'armée de l'Air et de l’Espace, à 18 ans, en escadron de protection (EP), sur l’emprise de Creil. J’ai ensuite poussé les portes du commando parachutiste de l’air (CPA) n°20 à Dijon, avant de rejoindre le groupe action 13C du CPA n°10 à Orléans. Depuis le début de l’année 2021, je fais partie de la cellule THP, tireur haute précision, du « 10 ».

En tant que THP, nous sommes détachés sur les mêmes missions que les différents groupes actions de l’unité. Le tireur haute précision se met en place grâce à différents moyens d’insertion, à pieds, en véhicule de type Quad par exemple, ou par hélicoptère. Il peut aussi évoluer dans les airs pour de l’appui feu tireur embarqué (AFTE) ou être déposé en corde lisse par exemple, sur le terrain. Sa mission est d’ouvrir, appuyer ou couvrir la progression d’un groupe. Au sein d’un groupe, le THP se concentre sur le tir car il est à la recherche de paramètres pointus.

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Le tire peut-être effectué dans différentes postures.

Ce que l’on apprend pendant les stages de qualification tireur de précision (TP) et tireur d’élite longue distance (TELD), c’est protéger et appuyer son groupe. J’ai eu la chance de suivre les stages français et britanniques de la spécialité et, malgré mon expérience, ils ont été les stages les plus difficiles de ma vie. Physiquement et mentalement, c’était très exigeant. J’ai la fierté d’avoir été le premier militaire français à être sélectionné pour le stage en Grande-Bretagne. Autour de cette rigueur, le sniper spirit est omniprésent et nous permet de repousser nos limites.

La plus importante des compétences d'un tireur d'élite est d’être autonome, c'est dans sa nature. Dans sa mission, il peut être confronté, seul, à tous types de situations. Il doit pouvoir s'orienter, maîtriser le camouflage, les calculs de tirs, prendre des photos et des vidéos. Ensuite, il y a une partie transmissions pour envoyer du renseignement au commandement, par satellite par exemple. C'est le panel complet d'un soldat. Sur des missions bien spécifiques, si l’on part par exemple à deux sur le terrain et que mon binôme est blessé, je dois aussi être capable d’appliquer les gestes de secours au combat et l’exfiltrer.

Les qualités d'un THP doivent être la minutie, la ponctualité et le soin de son matériel. Il doit toujours être prêt et doit anticiper les moindres détails, il est prévenant. Il est patient dans sa manière de travailler, mais pas toujours sur le résultat, il a envie de faire mouche du premier coup et de s’améliorer à chaque tir.

Ce que j'aime le plus, c'est quand je vise un « gong » de 30cm par 30cm à 1400 mètres et que j’entends le ting, et ce que j'aime le moins… c'est le rater ! J'ai une routine, comme un joueur de tennis qui fait taper quatre fois la balle à terre à chaque service. Pour moi c'est pareil, je travaille sur la position de mon corps, ma respiration, mon lâché, pour que le tir soit le plus efficace possible. Un THP n’est pas toujours allongé derrière son fusil, il peut tirer depuis un véhicule, un muret, un rocher, avec une routine et des positions adaptées. Le tireur haute précision, c'est l'opérateur ultime. »

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Sur le terrain, la mission du THP est d'ouvrir, appuyer ou couvrir la progression d'un groupe.