Guyane : ÉVASAN d’urgence vitale au cœur de l’Amazonie

Une première tentative avortée due à une météo dégradée

Il est 18 h 00 lorsque le Puma d’alerte de l’escadron de transport (ET) 68 « Antilles-Guyane » de la base aérienne (BA) 367 « capitaine François Massé » en Guyane est déclenché. Il s’agit d’effectuer un aérotransport d’urgence vitale au profit d’un militaire du 3e régiment étranger d’infanterie (3e REI), au sud de Saül, village amazonien reculé au centre du département. En patrouille en pleine forêt équatoriale, le légionnaire de quarante ans a été victime d’un choc anaphylactique dû à plusieurs piqûres de « mouches à feu », nom vernaculaire désignant une espèce de guêpe dont les piqûres douloureuses peuvent s’avérer dangereuses voire fatales.

Après avoir rallié la zone d’intervention en une heure de vol, l’équipage du Puma fait face à des complications en raison d’une météo dégradée : l’humidité de la nuit mêlée au souffle des pales et du rotor en stationnaire ont généré la création d’un nuage autour de l’hélicoptère, entraînant l’absence de visibilité et l’impossibilité de treuiller en sécurité. Par chance, un médecin au sol accompagnant le groupe d’infanterie réussit à stabiliser la victime en lui procurant les soins d’urgence adaptés.

À l’issue de plusieurs tentatives, l’hélicoptère est contraint de reporter sa mission au vu des risques encourus et regagne la base aérienne à aux alentours de 22 h 00. Un nouvel équipage sera désigné aux lueurs du jour.

Une mission délicate menée à bien

Le lendemain matin à 7 h 00, l’appareil, une fois reconfiguré, met à nouveau le cap sur la zone d’intervention. Les mauvaises conditions météorologiques persistent mais les repères de jour permettent de débuter le treuillage. À bord, un sauveteur plongeur héliporté ainsi qu’un commando « héliauto » sont chargés de treuiller le personnel médical du centre médical interarmées de Guyane (CMIA) puis d’acheminer le matériel pour une prise en charge optimale du patient.

L’adjudant Bruno, adjoint de l’escadron de protection de la BA 367, a été réquisitionné en tant qu’« héliauto », une qualification proposée aux commandos de l’air déployés en Guyane pour venir en renfort aux plongeurs sauveteurs héliportés (SPH). Cette qualification leur permet d’être treuillés depuis un Puma en toute autonomie. Entraîné de jour comme de nuit, le commando a ainsi effectué sa deuxième Évasan depuis l’obtention de sa qualification en décembre 2021. « Cette mission d’urgence vitale est l’aboutissement de tous les entraînements réalisés auparavant. Récupérer un personnel dont la vie est engagée requiert une grande responsabilité et vient étayer l’utilité de notre qualification », témoigne-t-il.

Évacué par civière, l’état du patient, toujours critique, s’avère meilleur grâce aux traitements d’urgence administrés la nuit et au travail sans relâche du médecin au sol. Près de 25 minutes ont été nécessaires pour l’évacuation du blessé, qui s’est finalement déroulée sans accroc. Sans plus attendre, le Puma a pu quitter la zone pour atteindre l’hôpital de Cayenne à 9 h 25.

Malgré des conditions climatiques inflexibles, les différents acteurs impliqués ont rempli avec brio leur mission. De par leur savoir-faire et leur réactivité sans faille, les Aviateurs de la BA 367 ont prouvé une nouvelle fois leurs capacités opérationnelles, même quand il s’agit d’opérer dans les zones les plus impénétrables du territoire ultramarin.