À la rencontre du lieutenant-colonel Sophie Adenot

13/12/2022

À l’occasion de son passage au ministère des Armées, Sophie Adenot, nouvelle spationaute française, s’est prêtée au jeu des questions-réponses. Rencontre.
À la rencontre de Sophie Adenot, nouvelle spationaute française.

Colonel, quel fut votre sentiment lorsque vous avez appris que vous rejoigniez la nouvelle promotion de l’Agence spatiale européenne (ESA) ?

J’ai d’abord ressenti une immense joie. C’était même une explosion de joie. Elle était accompagnée d’un sentiment de sérénité parce que cela marquait la fin d’un long processus de sélection, qui comportait beaucoup d’incertitudes. À chaque étape, nous ne savions pas ce qu’il allait advenir des résultats suivants. Donc, lorsque toutes ces incertitudes se transforment en éléments concrets, cela apporte beaucoup de sérénité. Une chose aussi que je n’ai pas encore mentionnée au cours de mes différents entretiens, la vague d’humilité qui me submerge lorsque j’apprends ma sélection. Je me sens petite face à l’immensité de la tâche qui m’attend. J’ai actuellement l’impression d’être au pied de l’Everest. […] Il y a une dimension qui me dépasse complètement.

Comment cette volonté de devenir spationaute a germé dans votre esprit ? Quelle est la genèse de cette candidature ?

Ça a été un long processus. Je n’ai pas eu cette vocation au cours d’une journée en particulier. En revanche, il y a eu une série de déclics. Par exemple, un jour, j’ai eu, entre mes mains, la biographie de Marie Curie. Je devais avoir entre dix et douze ans. C’est ce qui m’a donné envie de faire des sciences à un haut niveau. On peut dire que j’ai été très inspirée par son œuvre.

Un autre élément aussi, plus jeune, je suis allée à la Maison de la radio, le CNES (Centre national d’études spatiales) y faisant une exposition. L’événement faisait état de toutes les missions d’exploration humaine de l’espace. Il y avait notamment un focus sur les premiers Français s’étant rendus dans l’espace, de Jean-Loup Chrétien à Michel Tognini. Je suis sortie de cette exposition avec des étoiles plein les yeux. Je me disais « c’est ça que j’ai envie de faire ».

Enfin, il y a eu un troisième déclic. En 1996, à quatorze ans, j’ai pu suivre la mission Cassiopée, à laquelle avait pris part Claudie Haigneré. Cela m’a donné l’envie d’orienter mon cursus vers les sciences et la technologie, pour construire mon parcours. Je me suis engagée dans l’armée de l’Air avec le rêve de devenir spationaute.

Quels-sont les avantages offerts par une carrière d’Aviatrice ?

Parmi l’ensemble des personnes sélectionnées, il y a une diversité de profils incroyable. Il n’y a pas un seul profil type pour devenir spationaute. Être Aviatrice n’est pas la seule clé. Néanmoins, les tests que j’ai pu passer ont mobilisé des compétences que j’ai pu développer au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, notamment en mission. Je pense notamment au travail en équipe, à l’esprit de cohésion ou encore, à la résistance au stress durant les missions. Mon expérience me permet d’être opérationnelle, même dans un milieu où on va être soumis à un stress intense.