Exposition du Rafale F4 sur le stand du Ministère des armées au SIAE du Bourget

Salon international de l'aéronautique et de l'espace 2023

Après quatre années d’absence, le tant attendu Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) rouvre ses portes ce lundi 19 juin 2023 au Bourget (Île-de-France).

L’espace au Bourget : retour sur le 25e Salon de 1963

En 1961, à l’occasion du 24e Salon international de l’aéronautique, sous le regard émerveillé d’un public conquis, le Salon du Bourget présente pour la première fois de son histoire un engin spatial. Aux côtés du Mirage III et de l’Étendard IV.M, les visiteurs peuvent venir contempler avec fascination la cabine Mercury qui, quelques semaines auparavant, venait d’emporter le premier Américain dans l’espace. Néanmoins, il faut véritablement attendre l’édition de 1963 pour voir le sujet spatial s’inviter pleinement au Salon du Bourget. En 1961, à l’occasion du 24e Salon international de l’aéronautique, sous le regard émerveillé d’un public conquis, le Salon du Bourget présente pour la première fois de son histoire un engin spatial. Aux côtés du Mirage III et de l’Étendard IV.M, les visiteurs peuvent venir contempler avec fascination la cabine Mercury qui, quelques semaines auparavant, venait d’emporter le premier Américain dans l’espace. Néanmoins, il faut véritablement attendre l’édition de 1963 pour voir le sujet spatial s’inviter pleinement au Salon du Bourget.

Une édition dans l’air du temps

Le 16 juin 1963, après dix jours d’exposition, le Bourget ferme ses portes, clôturant ainsi la 25e édition du Salon international. De nouveau, avec plusieurs dizaines de milliers d’entrées, il s’achève par un immense succès. Une foule nombreuse a parcouru les allées de l’exposition afin de découvrir les dernières nouveautés du monde aéronautique présentées par des exposants venus du monde entier.

Certains curieux se sont précipités au salon afin d’entrevoir ou de redécouvrir les appareils des industriels anglo-saxons, du bloc de l’Est ou d’autres constructeurs étrangers. D’autres, peut-être, ont fait le déplacement, car interpellés par la campagne promotionnelle réalisée quelques semaines avant la tenue de l’événement. En effet, alors que les affiches publicitaires de la précédente manifestation de 1961 convient le public à venir découvrir le Salon international de l’aéronautique, celles de 1963 les invitent cette fois-ci au Salon international de l’aéronautique et de l’espace.

Cette évolution illustre la volonté du Salon de vivre avec son temps. Dans le contexte international de la guerre froide, l’atmosphère du début des années 1960 est marquée par la compétition tous azimuts entre les deux Grands dans le domaine de l’exploration spatiale. Les industriels des deux camps rivalisent d’ingéniosité pour remporter cette compétition. Pour autant, la France ne souhaite pas être disqualifiée dans cette course effrénée à la découverte de l’espace. Pour cela, elle peut compter sur l’excellence maintes fois démontrée de son écosystème industriel et technique national pour rejoindre à son tour le club restreint des puissances spatiales.

Si l’Union soviétique apparaît comme la grande absente de cette 25e édition, ce Salon offre néanmoins un large aperçu des projets et réalisations industriels des États-Unis et de la France dans le domaine spatial. D’ailleurs, pour l’un comme pour l’autre, les enjeux du Bourget sont certes économiques (signatures de contrats) voire pédagogiques (expliquer au grand public le but des programmes), mais répondent aussi au contexte dans lequel s’inscrit la manifestation. À une époque où chaque événement du quotidien à l’Est est scruté par l’Ouest (et vice versa), présenter de manière ostensible le nec plus ultra de ses matériels aéronautiques et engins spatiaux permet d’adresser un message à de potentiels compétiteurs et/ou observateurs.

Paris et Washington, les vedettes du pavillon spatial

« Le 25e Salon de l’aéronautique et de l’espace méritait amplement sa double dénomination. » C’est par ces quelques mots que le colonel Poncet, dans un article de la revue Forces Aériennes Françaises (n° 195 – août 1963), accompagne le lecteur à la découverte des principales expositions et réalisations présentées dans les pavillons consacrés à l’espace.

Parmi l’éventail des stands de différentes nationalités présents à cette 25e édition du Bourget, les plus imposants par leur taille sont bien entendu ceux des constructeurs américains. Si le matériel exposé cette année est déjà connu des spécialistes et passionnés de la conquête spatiale, la présence de maquettes en trois dimensions, parfois reproduites grandeur nature, permet à l’observateur attentif d’en apprécier les caractéristiques et de se rendre parfois compte de leur gigantisme.

Avec les nombreuses présentations des véhicules de lancement utilisés par l’Agence spatiale américaine – les Saturne du programme Apollo ainsi que les fusées Titan 2, Atlas-Agena et Atlas-Centaure –, l’attention du public se focalise sur la cabine Sigma 7, située sur la gauche de l’entrée du pavillon « US ». Les visiteurs contemplent l’extérieur du module qui, le 3 octobre 1962, embarque à son bord Walter M. Schirra Jr. lors de la cinquième mission Mercury et dans lequel l’astronaute réalise pas moins de six révolutions avant de redescendre sur terre. Les visiteurs s’agglutinent également devant les reproductions des futurs véhicules Gemini et Apollo. Sur des écrans disposés dans la salle, la foule peut suivre attentivement un film commenté exposant, pas à pas et grâce à des maquettes animées, les différentes phases d’une mission Apollo devant convoyer trois astronautes vers la Lune.

Surtout – et là réside la véritable nouveauté de ce 25e Salon –, le Bourget de 1963 est l’occasion pour ses visiteurs de déambuler dans la quinzaine de sections tenues par des constructeurs français. C’est « la première fois depuis sa création », rappelle Gaston Palewski, ministre d’État chargé des questions atomiques et spatiales, que le salon « accueill[e] un pavillon de l’espace entièrement conçu et réalisé par la France ».

La teneur de la participation tricolore se structure autour de trois thématiques principales : les fusées, les projets relatifs aux satellites et diverses technologies spatiales. Arrivés chez les premiers, les visiteurs peuvent observer les maquettes des principales fusées françaises en cours de réalisation : lanceur Diamant, conçu pour la mise en orbite des satellites, mais aussi les fusées-sondes Vesta, Bélier, Centaure ou encore Dragon. Chez les seconds, ils découvrent les projets de recherche et développement sur l’élaboration des futurs satellites portés par les industriels et organismes publics français. Levant la tête, ils peuvent apercevoir, suspendu dans les airs, la maquette FR-1 dont le véhicule réel allait, deux années plus tard, devenir le second satellite artificiel national. Enfin, suivant le sens de la visite, ils quittent le pavillon français en parcourant l’allée regroupant les stands présentant divers matériels utilisés pour la propulsion et le fonctionnement courant des engins spatiaux.

Enfin, pour marquer l’arrimage du Bourget à l’espace, le 12 juin est également déclaré « Journée de l’espace ». À cette occasion, le directeur du Centre national des études spatiales (CNES) Jean Coulomb offre à son auditoire les détails de la programmation des futurs lancements de satellites français. 

« Tel a été, dans le domaine encore bien neuf de l’espace, le panorama de ce 25e Salon, riche d’espoir et de promesse », termine le colonel Poncet en conclusion de sa visite guidée. Si le domaine spatial fait sa première apparition au Salon du Bourget en 1961, l’édition de 1963 marque à la fois sa grande irruption et le début d’une nouvelle facette de l’événement. Tous les deux ans, les industriels du spatial se font de plus en plus nombreux accompagnés de présentations de plus en plus impressionnantes : fusée Ariane en 1979, navette spatiale Enterprise sur son B-747-100 modifié en 1983, la Bourane soviétique attachée à l’An-225 avec sur son dos la Bourane soviétique en 1989… La place de l’espace occupe tous les esprits et les regards, avec les maquettes originales des lanceurs Ariane 1 et Ariane 5 à échelle 1:1 qui trônent sur le tarmac du Bourget et qui sont les meilleurs témoins de la transformation du Bourget en Salon international et incontournable de l’aéronautique mais aussi de l’espace.